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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

I. 1. iii. Usages - Jeux

Usages

Chaque pays a ses usages, ses coutumes, ses superstitions. Quelques uns lui sont communs avec d'autres pays ; d'autres sont propres à certaines localités. Nous nous proposons de citer indistinctement les principaux.

Le baptême donne lieu à des exigences auxquelles sont forcés de se soumettre les parrains et marraines, sous peine de se voir et entendre crier par les enfants, par ces mots peu flatteurs : "parrain sé, parrain sé" (sec, peu généreux). On a donc l'habitude de jeter à la troupe enfantine des "sous" et des dragées, occasions de mêlées et de batailles indescriptibles.

Les mariages sont généralement l'occasion de deux jours de fêtes. Le jour de la cérémonie, le cortège précédé de musiciens se dirige vers la mairie. Les jeunes gens  barrent avec des rubans le passage ; en quelques endroits ils présentent un bouquet et font un discours où ils célèbrent les qualités de l'époux et expriment leurs souhaits pour le bonheur du futur ménage. Le marié répond par une largesse. Alors la jeunesse tire des coups de fusil et ensuite va boire à la santé des nouveaux époux. Le lendemain, en beaucoup de localités, les deux familles font dire une messe des Trépassés pour les parents défunts.

Les funérailles ont gardé leur simplicité antique : le cortège s'arrête quand il passe devant une croix, et, à cette station, on chante les prières consacrées par l'usage. En certains endroits, les hommes sont portés par les hommes et les femmes par les femmes ; il en est de même pour les jeunes gens, garçons ou filles. Un usage pieux est le dernier adieu aux défunts. Quand la fosse est entièrement comblée, tous les assistants en font une dernière fois le tour et ce n'est qu'après l'accomplissement de cette cérémonie que la famille quitte le cimetière.

La quête des œufs de Pâques par les enfants de chœur est, croyons nous, d'un usage général. Le Samedi Saint (et encore le Lundi de la fête) ils vont chercher leur minage (?) : c'est le mot consacré. On leur donne du lard, des œufs ou même quelques pièces de monnaie qu'ils se partagent le soir.

La plantation du Mai avec les trois rameaux symboliques sur la porte ou le toit des maisons où se trouvent des jeunes filles à marier est trop commun pour qu'on en donne ici le détail.

 

En beaucoup d'endroits, la moisson se termine par un fête connue sous le nom de "La Tarte". La dernière gerbe dorée par le soleil est entourée de rubans et couronnée de fleurs ; puis au pas tranquille et lent des bœufs, quand le crépuscule descend sur les plaines embrasées, les moissonneurs et les glaneurs accompagnent en chantant la gerbe sacrée jusque dans la cour de ferme. Et autour d'un table abondamment servie, ouvriers et ouvrières, oublient les fatigues de la moisson, et se délassent en racontant à qui mieux mieux leurs prouesses et en buvant à la santé du maître ; le lendemain ils se remettent à leurs rudes travaux en se promettant, pour l'année suivante, une fête aussi belle.

 

Nous ne parlons pas des superstitions : il n'y en a plus de locales ; elles sont toutes personnelles et tendent de plus en plus à disparaître devant les efforts du clergé et les progrès de l'instruction.

Des anciens pèlerinages, que reste-t-il ? À Montdidier à peu près rien. Dans les campagnes, bien peu. Nous retrouvons pourtant quelques vestiges à Assainvillers, à Bus, à Bouillancourt. A Montdidier, la procession des patrons de la ville attire encore quelques dévots. Mais qu'on est loin des foules d'autrefois ! A cette procession paraissaient jadis les échevins et les maïeurs suivirent cette tradition pendant une longue suite de siècles. Aux mauvais jours de la Révolution, l'usage subsista et l'on vit le maire et officier municipal suivre le cortège. En 1891, pour la première fois, le maire ne parut pas et ne se fit pas représenter à la procession des SS. Lugle et Luglien, patrons de la ville.

 

Les distractions qui faisaient le bonheur de nos aïeux ont presque entièrement disparues. Les danses qui suivaient les vêpres et qui avaient lieu sur la place ne sont plus connues : elles ont été remplacées par des bals qui se tiennent dans les cabarets et se prolongent fort avant dans la nuit au grand détriment des mœurs. Le cabaret, décoré du nom plus moderne de café, a tout ruiné : il est devenu le centre des réunions des jeunes gens et des hommes plus âgés : on y joue, on y boit, on y discute volontiers sur les gens et sur les choses ; on finit quelquefois par se disputer et s'assommer.

Jeux

Le jeu d'arc pourtant est resté en honneur dans un certain nombre de localités. Une allée étroite, bordée de chaque côté par des tilleuls taillés et terminée à chaque extrémité par une maisonnette qui abrite la butte, forme le jardin de l'Arc. C'est là que tous les dimanches, dans la belle saison, les archers viennent exercer leur adresse. Ils forment une sorte de confrérie, dont le patron est St Sébastien et ont un règlement auquel toutes les compagnies sont soumises et dont les prescriptions, malgré le changement des mœurs, sont rigoureusement observées. Tous les ans, vers l'Ascension, on tire le geai : celui qui est assez heureux pour abattre l'oiseau est le roi de l'année. Chaque compagnie a son capitaine élu à vie.

Un certain nombre de compagnies, en se groupant, forment ce qu'on appelle une ronde : elles conservent tour à tour pendant un an la statue de patron, dont la remise se fait avec solennité. C'est souvent l'occasion d'un prix auquel sont invités tous les archers de la ronde. Il y a en outre des prix généraux où peuvent concourir tous les archers, quelle que soit leur origine.

Le jeu de boules a encore quelques adeptes ; c'est le jeu des hommes d'un âge plus mûr et d'un tempérament tranquille. On trouve encore quelquefois des jeux d'assiettes et de galets. mais ils tendent à disparaître.

Le jeu de paume et celui du tamis sont en honneur dans quelques communes.

Rollot a conservé un jeu particulier (mais est-ce un jeu ?), celui de la choule. Il n'a lieu qu'une fois par an le jour du Mardi Gras. Toute la population y prend part et y apporte une ardeur extraordinaire. On vient en foule des pays voisins pour assister à cette lutte curieuse (voir Rollot).

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