Rotincia
Rotincia - L'histoire de Rollot Rotincia - L'histoire de Rollot Rotincia - L'histoire de Rollot
Rotincia

Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Fescamps

Fescamps est situé en plaine, à l'est de Montdidier et à 9 kilo. de cette ville. Le village s'allonge sur une seule rue qui va du S. au N. Le voyageur qui la traverse peut se demander quels sont ces fours de forme ogivale, qui s'ouvrent sur la rue : ce sont les fours à tuile. Les habitants s'occupent en effet à la fabrication des tuiles . Cette industrie remonte très haut : dans un compte de travaux exécutés au château de Raineval, de 1488 à 1490, on voit qu'il a été acheté 17.000 tuiles à Fescamps à 18 sols le mille pris sur les lieux. La terre qu'on trouve entre Bus et Fescamps est meilleure pour cette industrie. Cette terre glaise, grasse et compacte, imperméable, rendait autrefois très difficile les communications entre les deux pays ; d'où le proverbe bien connu :

Entre Bus et Fescamps

On araque tout le temps

 

A l'entrée du village, du côté de Remaugies, et à la jonction de deux chemins se trouve un calvaire curieux. En avant d'une croix moderne, se trouve un monolithe en grés, de 2m80 de hauteur, taillé à son extrémité supérieure en forme de croix : il a plus de 0,40 dans sa plus grande largeur. Nous nous sommes demandé plus d'une fois si cette pierre n'était pas quelque ancien monument druidique, un menhir, qui aurait été transformé à l'époque de l'introduction du Christianisme dans les Gaules. Nous avons fait faire au pied de ce grés des fouilles qui n'ont donné aucun résultat. Quoiqu'il en soit, les monuments de ce genre sont assez rares dans le département pour que nous appelions l'attention des archéologues sur celui de Fescamps.

 

En 1469, Fescamps ne comptait que 30 feux ; il y a aujourd'hui 90 maisons et 302 habitants. Le territoire a une superficie de 670 hectares.

Les abbés de Corbie étaient seigneurs de Fescamps pour partie : des terres, à l'est de la grande rue du village, comprises dans l'angle formé d'un côté par le chemin de Boulogne à Fescamps, de l'autre par celui qui va de Fescamps à Bus jusqu'à la Terrière, furent données en 662 à l'abbaye de Corbie par la reine Iere Bathilde.

 

Plus tard, Nicolas, maire de Popincourt, Bus et Fescamps, vendit à ladite abbaye ses maires, comme nous l'avons dit à l'art. Bus.

Par un bail de 1642, nous voyons que la terre et seigneurie consistait en censives, dîmes et champart, terres labourables et bois à coupe (bois Marotin).

En 1674, Jacques Taupin reconnaît devoir à l'abbaye pour 9 journaux 3 quartiers de terre à la sole (soit 26 j et 1/2) au terroir de Fescamps le droit seigneurial de 9 gerbes du cent.

En 1675, ce même Taupin fut condamné par sentence du bailliage de Roye à payer diverses censives, comme propriétaire d'une maison, héritage et autres lieux contenant un journal - Savoir : 5 setiers d'avoine à la mesure de Roye - un quartier d'avoine - et à Noël 2 chapons et une poule, plus 17 deniers d'argent de cens foncier.

Enfin en 1736, on accorda à Me Jean Marie Antoine des Fossés, seigneur de Beauvilliers, le droit de banalité, par bail emphytéotique, c'est à dire, que les sujets de la seigneurie, tenus auparavant de faire moudre leurs blés et grains au moulin à vent de l'abbaye, seraient tenus à l'avenir d'aller au moulin à vent, faisant de blé farine, que ledit de Beauvilliers s'engageait à construire (Inv. de Corbie).

 

Les terres situées à l'ouest de la grande rue n'appartenaient pas à l'abbaye : les possesseurs de cette autre partie du territoire portèrent aussi le titre de seigneur de Fescamps. En 1112, la Comtesse Adèle de Vermandois, fille d'Herbert IV, possédait  la terre de Fescamps. Nous le voyons, à cette époque, mettre un terme aux exactions auxquelles les habitants étaient en lutte de la part de ses officiers, à cause de l'avouerie qui lui appartenait dans cette commune. Elle abolit ce droit et le remplaça par un cens annuel de 4 sols par char et de 1 sol par charrette. L'acte fut passé à Roye, en présence et du consentement de son fils Raoul (V. de B. : Doc. In.).

 

Au XVIe siècle, ce fief passa dans la maison de Mailly, par le mariage de Marie de Hangard, fille d'Antoine de Hangard, seigneur de Remaugies et de Fescamps, avec René I de Mailly. Thibault, fils du précédent, fut un des gentilshommes qui signèrent la Ligue en 1577.

Jacques de Mailly, 3e fils de Thibault de Mailly, eut en partage la terre de Fescamps et fut l'auteur de la branche de Mailly-Mareuil dont plusieurs membres se nommèrent seigneurs de Fescamps (P. Daire et Scellier). Le domaine consistait en 30 journaux de terre à la sole, plus une maison seigneuriale qui fut démolie vers 1714 et un droit de censives de 16 sols par ménage. On cessa de payer ce dernier droit vers 1705. Toutes les terres furent vendues comme biens nationaux.

 

L'église en forme de croix latine n'a rien qui attire extérieurement l'attention. On voit seulement que l'on a surélevé les murs et agrandi une construction plus ancienne. En haut du pignon triangulaire de la façade toute en briques, qui a dû remplacer la façade primitive, se trouve sur une pierre l'inscription suivante :

Ce pignon a esté fait

par Louis Lavoine sous les

soins de Maître Jacques

Masson curé de Fescamps.

1707.

A l'intérieur, il y a à l'autel de St Christophe, un retable en bois assez finement travaillé ; il provient, paraît-il, d'une ancienne chapelle qui se trouvait à l'entrée du village. On doit remarquer encore les fonts baptismaux sculptés et ornés dans le style de la Renaissance. Le pied qui supporte la cuve est accompagné de 3 colonnettes cannelées et un peu renflées vers le milieu du fut : elles produisent le plus gracieux effet ; la quatrième colonne manque. Il est à regretter que la pierre de ces fonts sont d'un grain trop tendre et s'effrite de jour en jour.

 

Dans le cimetière en face de la porte d'entrée principale, se trouve un calvaire très ancien qui mérite d'être soigneusement entretenu. Sur un large piédestal, composé de plusieurs marches en pierre et d'un large socle carré contre lequel est adossé un banc également en pierre, s'élève une colonne de deux mètres environ couronnée par une croix. Le fût de la colonne est parsemée de fleurs de lys. Vers le bas de la colonne est la représentation grossière de Moïse : on le reconnaît aux rayons de sa tête ; il soutient dans ses mains et appuyées contre la poitrine les tables de la loi, sur lesquelles se trouve l'inscription suivante ; je la reproduis telle qu'elle est disposée :

AIME                ETTON

DIEU PROCH

SUR                   AIN

TOVTE             COME

CHOSE             TOYM

1615                  EME

Au dessous, l'artiste a sculpté en relief les têtes de mort et des ossements. Sur le bandeau au dessus du banc, on lit :
LE XXII MAY : 1615 : TEIPEI.

Est-ce le nom du sculpteur ? ou faut-il lire : je t'ai fait ? Nous laissons à d'autres le soin de résoudre la question.

 

Le presbytère était voisin de l'église : il a disparu. Le pré qui en dépendait appartient encore à la fabrique et porte le nom de "pré de l'église".

Fescamps ne figure pas au Pouillé de 1301. Mais dans une copie de la collection des anciens statuts faite en 1421 sur l'ordre de l'abbé par D. Eustache, official, cette paroisse se trouve citée parmi celles de la juridiction de Corbie. Au Pouillé de 1682, elle paraît avec celle du Bus, mais au doyenné de Rouvroy, par erreur sans doute, car le seigneurie de Fécamps dépendait de la prévôté de Bus. En 1730 le bureau diocésain range définitivement cette paroisse dans le doyenné de Montdidier.

 

Le présentateur à la cure était l'abbé de Corbie. D'après la déclaration faite en 1730 par le titulaire, les revenus de la cure, déduction faite des charges, peu lourdes d'ailleurs, étaient de 424 liv. En 1789, Mr Darsy dit qu'ils étaient de 600 liv.

L'abbaye de Corbie possédait toute la dîme : un arrêt du parlement du 16 mars 1690 la maintient dans cette possession.

 

Voici la liste des curés (Reg. de Catholicité) :

1667      Guillaume Coudun : en 1681 Lenormant dessert la paroisse

1681      .. Prat

1688      .. Donvault

1691      Robert Groust

1720      Louis Mallet

1751      Jacques Masson. Dans quelques uns de ses actes, Me Masson signe : "Curé de la paroisse St Pierre, exemptée de la juridiction spirituelle de l'abbaye royale de St Pierre de Corbie, immédiate au St Siège". En 1778, de la Rouzée dessert la cure ; puis en 1785, F. Cagniart.

1786      F. Cagniart signe comme Curé : c'est lui qui en 1792 remet aux agents de la municipalité les registres des actes de baptêmes, mariages et décès.

 

MAIRES :

C'est Félix Fagard qui signe d'abord les actes de l'Etat Civil comme officier public.

L'An II, on trouve l'ancien curé Cagniart avec la même qualité.

Même année, Simon Quatrelivres, agent municipal puis maire.

1815       Marie Amand Constant Lefebvre.

1830       .. Warmé

1840       M. A. Lefebvre 2°. En 1846, il se retire à Eppeville, mais il conserve le titre de maire : les fonctions sont remplies par Claude Desachy, qui devient maire en 1849.

1852       Adolphe Masson

1867       Charles Antoine Lefebvre

1884       Antoine Hubert

1886       Arthur Lefebvre.

 

Lieux dits : la Carrièrette - Le Maremont - le Champ des Dunes - le Clos - Les Champs des Trépassés. Ce pourrait bien être l'emplacement d'un ancien cimetière : c'est un endroit élevé et exposé à l'est - Les prés de la Fontaine, ainsi nommés à cause de la fontaine St Christophe, aux cours de laquelle on prête des propriétés merveilleuses pour la guérison des maladies. Cette source, paraît-il, ne tarit pas - Les Portières - Les Champs Hissons - Les Sablons - la flaque Salée.

Précédent
Retour

Suivant
Suite