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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Gratibus

En face de Maresmontiers, à 5 kil. au N. de Montdidier, se trouve le village de Gratibus : il est placé au bas des pentes assez raides qui limitent à l'est la vallée des Tois Doms. Il s'étende du S. au N. sur une seule rue mal bâtie. Il ne compte que 183 habitants. La superficie de son territoire est de 533 hectares.

Le nom de ce village n'a subi que de très légères altérations : il serait du, s'il faut en croire le bon bourgeois Scellier, à une circonstance qui ne serait pas à l'honneur des vignobles de ce territoire, dont les vignes produisent, paraît-il, dans une année favorable du vin en telle quantité et malheureusement de qualité si inférieure que les propriétaires ne pouvant le vendre furent contraints de le donner pour rien à tous ceux qui se présentaient. C'était fête pour ceux dont le gosier toujours altéré demande sans relâche quelque rafraichissement - Gratis bibitur, se disait-on. Et de là serait venu le nom de Gratibus. Il ne faut pas toujours se défier des étymologies. Celle que nous venons de rapporter nous confirme dans notre prudente défiance.

Celle que donne Mr H. Ledieu (Etude sur l'étymologie des localités) est-elle plus admissible, et faut-il voir dans Gratibus le bois (bus) défriché ou non défriché, enfermé dans une enceinte composée de haies, de claies, gratae ou grates au moyen âge. Voilà qui me semble encore bien recherché ?

Le village ressortissait au bailliage et à la prévoté de Montdidier.

On n'a que très peu de renseignements sur les seigneurs de ce pays. En 1400, nous trouvons Gérard d'Athies, écuyer, capitaine gouverneur de Montdidier. Or Athies était un fief noble situé à Gratibus et donnaient à ses possesseurs le droit de se qualifier seigneur de Gratibus.

En 1470, Artus de Longueval, maieur d'Amiens, s'intitulait seigneur de Gratibus.

En 1533, le seigneur de cette terre était Arthus de Rubempré, écuyer, seigneur de Monchaux et de Gratibus : il fut gouverneur de Montdidier en l'année 1557.

En 1567, nous rencontrons le nom de René de Mailly, dont un des ancêtres Hugues de Mailly, chevalier, avait épousé Marguerite d'Athies. Il comparut par de l'Ecure son procureur, à la rédaction des coutumes de Péronne, comme seigneur de Mailly, Gratibus et Bouillancourt.

En 1568, la terre de Gratibus était passée entre les mains de Charles de Mauvoisin, qui se qualifie de sieur de Croquoison et de Gratibus. Il avait embrassé les nouvelles doctrines : aussi sa terre fut-elle saisie sur lui conformément aux édits du Roi prescrivant la saisie des biens des réformés.

A la suite de divers changements de propriétaire, ce fief était en 1739 en la possession de Mr Briet de Famechon ; Briet portait : d'argent à la croix de sable en sautoir, cantonnée de 8 perroquets de sinople, becquetés et membrés de gueules. Comme celui-ci n'avait pas d'enfants et qu'il voulait éviter à sa mort toute contestation, il donna la nue propriété de tout ce qu'il possédait à Mr de Gouffier, qui possédait une partie de la seigneurie de Gratibus : il n'en conserva que l'usufruit sa vie durant. Il était possesseur de ce fief par son mariage avec sa 1e femme, laquelle descendait de Gérard d'Athies dont il a été question plus haut.

A la fin du siècle dernier, la terre était donc à la famille de Gouffier ; Gouffier portait : d'or à 3 jumelles de sable.

Il y avait un autre fief consistant en une maison et 150 journaux de terre entre Fignières et le Chemin d'Amiens tenus en roture et 6 journaux en fief noble, provenant de Me Fon du Caurel, chevalier de l'Ordre de St Louis. Ce bien et 30 journaux de bois qui en dépendaient appartenait en 1750 au sieur Pierre Gaudissart. Il fut saisi en 1751 par les créanciers.

Devons nous rappeler que Gratibus est au nombre des villages qui eurent à souffrir de l'armée espagnole en 1653 ? Neuf maisons furent livrées aux flammes.

L'église sous le vocable de Ste Barbe est très simple : elle est précèdée d'une tour massive peu élevée et couronnée par un clocher pyramidal : la tour porte la date de 1681. Un portail en plein cintre, sans aucun ornement, donne entrée dans l'église. Il n'y a qu'une nef : des piliers enfermés dans la maçonnerie des murailles semblent indiquer qu'on avait l'intention d'élever un édifice plus important. Pas de pierres tombales. Une seule inscription sur une étroite plaque de marbre noir, encastrée dans le mur de gauche, près de la chaire : Cy devant repose le corps de Marie Louise Boulance, épouse de Messire Melchior François de Valpendant, sieur de Coreil, commissiare ordinaire de l'artillerie de France ; a décédé le 29 février 1717 âgée de 28 ans. Priez Dieu pour son âme.

A remarquer dans la sacristie un petit chandelier tout en cuivre. Il se compose d'une simple coupe ou bobèche destinée à recevoir les gouttes de cire et d'une pointe pour y fixer le cierge. La coupe repose sur trois têtes de dragons en forme de supports. Il ne mesure de l'extrêmité de la pointe à la base que 0,24 : il est d'une seule pièce. Les us des métiers recueillis au XIIIe siècle par Etienne Boileau contenaient une prescription formelle à ce sujet : que nuls chandeliers de cuivre ne soient faiz de pièces soudées. Nous signalons cet objet à l'attention des Antiquaires, aussi bien que le porte-cierge de Bouillancourt. Le creuset révolutionnaire et le brocantage des curés ont rendu rares ces chandeliers de style ancien.

Gratibus appartenait primitivement pour le spirituel à Bouillancourt ; il n'en fut détaché pour former une paroisse que vers le seizième siècle. Nous avons vu à l'art. Bouillancourt que le curé de cette dernière paroisse avait conservé le 1/6 de la dîme sur la nouvelle paroisse.

D'après la déclaration faite en 1728 par Mr Dubois, curé, les revenus s'élevaient au total à la somme de 314 livres 12 s. En 1789, ils étaient, d'après Mr Darsy, de 546 liv.

Voici d'après les registres de catholicité qui datent de la fin du XVIIe siècle, les noms des anciens curés de Gratibus.

1692   Gl François Joly

1717   Jean Dubois. Il mourut à l'âge de 80 ans.

1763   Charles Boulet, qui fut doyen de chrétienté de Davenescourt. Il cessa de signer les actes le 1er août 1792 et fut suppléé par le curé de Bouillancourt. Les registres furent clos le 15 janvier 1793.

Après le rétablissement du culte, Gratibus fut uni à la paroisse de Bouillancourt : c'est encore le curé de cette paroisse qui vient tous les quinze jours chanter la messe.

 

Lieux dits : Les blancs Champs - Grande Trêpagne - Hotel Dieu - Mont Galet - La Cure - Le Carlet - Le Montaigne - Vallée d'Ardennes - Le Parc - Les Combles - Derrière le Fort - Le Megert, etc.

Liste des Maires :

1793         Guerard, maire

An II        Pierre Suart, adj. municipal, off. public

An VII     JB Dumerge . id

An IX       Pierre Durieu, maire

An XIII Jacques Guénart

1813         Louis Noël Guénart

1848         Eloi Alexandre Godailler

1877         Louis Adolphe Godailler, encore en exercice.

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