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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Rubescourt, Pas

Le nom de ce village, jadis Rubericurt, ou Roberti curtis, est arrivé par de lents changements à la forme actuelle Rubescourt.

Le village est bâti sur le flanc d'un vallée, jadis marécageuse, dans laquelle une source abondante donne naissance à un ruisseau (la fontaine Marleuse) qui va vers Domélien se joindre à celui de Domfront pour former la rivière de Doms. Rubescourt, situé à 5 kilomètres de Montdidier, est traversé par la route qui va de cette ville à Tricot (Oise).

La population est de 113 habitants, la superficie du territoire de 397 hectares.

 

Jacqueline de Tannay était à la fin du XVe siècle, dame de Rubescourt et du Ploiron. Elle avait épousé Louis d'Ailly, seigneur de Conchy, lequel en 1496 approuva la donation que sa femme avait faite aux franciscaines de la maison qu'elle avait à Montdidier à la condition de diverses prières à réciter par les religieuses pour les donateurs. Elle mourut en 1502 et fut inhumée dans l'église du Prieuré à Montdidier. Elle laissa en mourant la terre et seigneurie de Rubescourt à son neveu Charles de Gapennes, chevalier, seigneur de Bony.

Celui-ci en 1531 laissa une fille Françoise de Gapennes, laquelle épousa Louis Juvenal des Ursins et lui apporta en dot la terre de Rubescourt. De ce mariage naquit Gilles des Ursins, qui prit pour femme Charlotte Darche ; ils eurent :

Gilles II des Ursins qui par alliance devint aussi seigneur d'Armentières.

En 1693, nous retrouvons un des descendants de cette famille, Eustache de Conflans, marquis d'Armentières, seigneur de Rubescourt, etc. de Conflans portait : d'azur semé de billettes d'or au lion de même armé et lampassé de gueules.

En 1724, Henriette de Bouillon, veuve de Fançois de Bouillon, duc de Lude, fut substituée à Henriette de Conflans, par acte passé devant notaire en 1696.

Mais en 1761, Louis de Conflans, héritier de la dame de Lude, devient seigneur de Rubescourt, Armentières et autres lieux et en resta propriétaire de ces terres jusqu'à la Révolution.

Ce plein fief après la réunion avec celui du Ponchel, dont il sera question plus bas, consistait en une maison seigneuriale, garenne, jardins et pépinières contenant ensemble 4 journaux 75 verges - un bosquet attenant à ladite maison de 5 j. 49 verges - le domaine labourable en plusieurs pièces était de 242 mines - 19 j. 70 v. de prés - 3 j. 14 verges des bois Brulé et quatre remises contenant ensemble 2 journaux 50 v. Il y avait en outre un droit de champart de 9 gerbes du cent à percevoir sur 52 mines 87 v. et 1/2 champart sur 78 verges et demie - un pressoir banal - le droit de pêche dans la rivière et le vivier - le droit de rouissage du chanvre dans ledit vivier - un cens annuel de 126 setiers de blé, 72 d'avoine, 44 chapons, un chapel de roses et 18 pains blancs à 2 sols le pain. Enfin les droits seigneuriaux, haute, moyenne et basse justice selon la coutume de Montdidier.

Le fief du Ponchel consistait en une pièce de 2 mines et 1/2 de pré, faisant le chef lieu - un champ nommé le champ du Ponchel de 33 mines 71 v. et une autre pièce de terre de ..., plus le bois du Ponchel de 34 journaux 56 v. et un autre bois dit le bois Menet de 3 j. 17. C'est sur ce fief que se trouvait le château fort entouré d'un vivier, non loin de la fontaine Marleuse.

Citons encore le fief du Bois Roux, lequel relevant de la Salle du Roy de Montdidier.

Il y avait encore un arrière fief tenu de Rubescourt, qu'on appelait le fief de l'Ormel : il consistait en 13 mines de terre, 2 setiers de blé, 4 poules et 1 livre 13 sols de censives à prendre sur quelques maisons et héritages de Rubescourt.

 

Il n'y avait jadis qu'une chapelle à Rubescourt, sous le vocable de N.D. de Pitié. Le collateur de plein droit était l'Evêque d'Amiens. D'après la déclaration faite par le titulaire, en 1730, Me Charles Leclercq, le revenu était de 76 livres 10 sols à la charge d'une messe par semaine.

L'église paroissiale, sous le vocable de St Martin, était à Pas, comme nous le verrons plus bas. En 1867, elle fut abandonnée et remplacée par une église construite par la commune avec le secours du gouvernement. La nouvelle église très coquette est placée sur le bord de la route, au milieu du village. Ce sont les habitants qui, par des dons et des souscriptions, ont contribué à la décoration intérieure qui ne laisse rien à désirer.

 

PAS, aujourd'hui simple ferme, dépendant de Rubescourt, est connu dans les actes anciens sous le nom de Passus, Passus St Martin, St Martin de Pas. Le lieu aurait été ainsi nommé parce que St Martin, qui, avant son baptême, passa en cet endroit, alors dangereux, de la rivière des Doms. Du moins c'est la tradition du pays : elle est acceptable. St Martin pouvait venir du camp de Champlieu et se diriger vers Amiens.

Pas était un prieuré-curat sous la régle de St Augustin (Ordre de Prémontré). Le prieuré avait été donné à l'abbaye de St Martin aux Jumeaux de la ville d'Amiens l'an 1125 par l'évêque Enguerrand sur la remise que lui fit de son autel le prêtre Amoul, disposé à embrasser la vie régulière et canoniale. Le prélat l'exempta de la juridiction épiscopale et de tout cens.

Cette possession fut confirmée par l'évêque Thierry en 1147 et par le pape Alexandre III dans une bulle qu'il adressa en 1271 à Odon, abbé de St Martin et enfin par Guillaume, Archevêque de Reims en 1278. C'est en qualité d'abbé de St Martin aux Jumeaux que l'Evêque d'Amiens avait le patronage dudit prieuré.

Ce bénéfice, possédé par un chanoine régulier de la congrégation de Ste Geneviève valait au moins 1.800 liv.. Mr Darsy, dans son ouvrage "Le Clergé en 1789", porte le revenu à 5.582 livres.

Le prieur-curé était en même temps seigneur de Pas. Il avait 3 mines de terre à la sole - 3 ou 4 journaux de bois - 7 ou 8 de prés, plus toutes les dîmes du Ploiron et de Rubescourt. C'est lui qui nommait un vicaire pour le Ploiron et assurait son traitement.

L'ancienne église, enclavée dans les bâtiments de la ferme, n'avait aucun caractère ; depuis qu'on a abattu le clocheton qui s'élevait au dessus de l'entrée, rien ne le distingue plus des bâtiments voisins : elle sert aujourd'hui de magasin de débarras. Aussi bien la pauvreté de cette église et son éloignement de Rubescourt doivent-ils diminuer les regrets qu'on a pu éprouver de voir changer la destination de cet édifice. Le curé qui a surveillé les travaux de construction de la nouvelle église a eu soin, avant d'abandonner l'ancienne église, de faire exhumer les restes des anciens prieurs qui y avaient été enterrés, et de les transporter au cimetière. La pierre tombale qui recouvre le corps d'un de ces prieurs a été portée dans la nouvelle église : on y lit cette inscription aujourd'hui inexactes pour les deux premiers mots :

Hic jacet

R.D. Ambr. Robart

S. judoci. Ord. Preomv.

Can. reg. hujus parochiae

per 24 annos pastor Ledulus ;

Pauperes pavit ; hanc ecclesiam (ancienne)

Extruxit : amissa bona reduxit : suae

Suarumque ovium saluts

Invigilavit ; obiit die geobris

1756, oetatis suae 63

Resquiecat

in pace.

 

On a laissé dans l'ancienne église d'immenses pierres tombales qui portent encore quelques restes de dessins : les inscriptions sont illisibles.

Les registres nous ont donné quelques noms des prieurs-curés :

1659       Eustache Michel de Grinville

1671       Robert Thierry Picot

1684       Claude Alexandre Le Sieurre. A partir de 1715, les vicaires du Ploiron suppélent le prieur, empêché probablement par la maladie ou par l'âge. Il meurt en 1725 et est inhumé par Me Nicolas Morlet, chanoine régulier de l'abbaye de St Martin aux Jumeaux.

1725       F.C. Lefebvre

1733       Jean François Robart. Il était religieux prémontré de l'abbaye de Dommartin et portait en religion le nom de frère Ambroise. Aussi signe-t-il souvent : f.A. Robert ; c'est le nom qui lui est donné sur sa pierre tombale. D'après cette même inscription, il s'occupa aussi bien des intérêts spirituels de son troupeau que des intérêts matériels de son prieuré. Il n'avait à tirer gloire de l'église qu'il avait bâtie, vaste parallélogramme sans aucun caractère architectural.

1757.. Demeigneux : il était précédemment à St Acheul. C'est sur la demande de Mr de Brante, abbé de St Acheul, que Mgr de la Motte donna le bénéfice à Mr Demeigneux. Il était encore prieur en 1792. Dans la plupart des actes qu'il a dressés, il se qualifie ainsi : Chanoine régulier de l'Ordre de St Augustin, Congrégation de France, prieur, seigneur et curé de St Martin de Pas, le Ploiron et Rubécourt.

Cet étalage de titres ne devait servir qu'à flatter sa vanité. Et quelle figure ne devait pas faire à côté ses curés voisins, réduits pour la plupart à la portion congrue et forcés de vivre avec 5 ou 600 liv, ce prieur de Rubescourt qui touchait un revenu de 5.582 liv. ?

Dans la déclaration qu'il fit en 1790 des revenus du prieuré, Me Demeigneux expliqua qu'il avait fait reconstruire "entièrement à ses frais" la maison prieurale, bâtir un colombier et une écurie. Toutes les constructions, faites en pierre blanches, subsistent encore. La maison du prieur est devenue la maison d'habitation du propriétaire de la ferme et des terres de Pas. Tous ces biens furent achetés en 1793 comme biens nationaux.

 

Relevons parmi les lieux dits : la Vigne Barbe - la Vallée Calvin - les Vignes Fievée - la Chemin du Prêtre - le bois Brulé - le Vignes du Friac - les Vignes d'en haut. Ces multiples appellations de vignes indiquent clairement que la culture de cette plante avait pris une grande extension à Rubescourt, et on se l'explique quand on songe à la chaude exposition des coteaux qui se trouvent sur le terrain. Cette culture a disparu à peu prés entièrement. Un des derniers possesseurs de vignes fut l'instituteur "not'maître", comme on l'appelait, Mr Niquet. Il faisait du vin avec le raisin de "son" vignoble et il était fier de ses produits : il aimait à en offrir, pour qu'on put en apprécier la qualité. La vérité est que son vin était détestable.

 

Nous terminons par la liste des maires :

1793       Quiévrain, officier public

An IV     Hennon, agent municipal, puis

an VIII maire.

1817       Joseph Alfred Beauvais

1837       Adrien Alphonse Beauvais

1871       Joseph Martin Gille

1876       Alexandre Niquet, l'ancien instituteur. Il montra le plus grand zèle pour l'embellissement de la nouvelle église.

1879       Onesime Trouvain

1886       Jules Désiré Legrand

1886      Onésime Trouvain (2°).

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