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Faverolles se trouve à 4 kilomètres de Montdidier dans une vaste plaine, sur la gauche de la route nationale de Rouen à la Capelle. Le village est mal bâti, à l'exception de deux ou trois fermes. Les granges placées sur le bord de la rue empêchent de voir les maisons d'habitation placées au fond des cours. Faverolles ne compte que 167 habitants et son territoire 670 hectares.
Le village était autrefois de l'élection et du bailliage de Montdidier.
Les dénominations les plus anciennes, latines ou françaises, ne différencient pas sensiblement de la forme actuelle. Ainsi Favorela (1114), Favarollae (1172), Faverolles (1198).
L'abbaye de St Corneille de Compiègne possédait bien avant 1130, une partie de la terre et du domaine de Faverolles. En 1215, Robert de la Tournelle déclarait tenir de ladite abbaye l'avouerie de Faverolles et celle de Mesviller (Piennes). Au XVIIe, le Val de Grâce, à cause de son union avec St Corneille, jouissait encore des droits seigneuriaux : ils consistaient dans le 12e denier à chaque mutation et en 18 du cent, y compris la dîme sur presque toutes les terres. L'abbaye conserva ses droits jusqu'à la Révolution.
Quelles furent les seigneurs de l'autre partie de Faverolles ? Ce n'est pas facile à déterminer pour les époques reculées. Nous voyons un Renaud de Faverolles signer en 1207 en qualité de témoin un accord entre l'abbé de Breteuil et un bourgeois de Montdidier.
Au XVe siècle, la seigneurie appartenait à la famille d'Avesnes : Marguerite d'Avesnes, dernière héritière de cette famille apporta en dot la terre de Faverolles à Renaud de Vignacourt, écuyer, lequel de ce moment se nomme Seigneur de Faverolles. Il mourut en 1471 ; un fils qui suit :
Pierre de Vignacourt, dit Gannin, qui fut capitaine de Montdidier de 1492 jusqu'à sa mort. Aux obsèques Louis d'Halluin seigneur de Piennes, qui eurent lieu à Maignelay en 1520, c'est Pierre de Vignacourt qui commandait le cortège des seigneurs, chevaliers, capitaines et gentilshommes, escortant le corps, au nombre de deux à trois cents. On lui doit aussi la Verrière, 2e présentant la Transfiguration, qui se trouve dans l'église St Pierre de Montdidier. Pierre de Vignacourt y est représenté agenouillé, les mains jointes, vêtu d'une tunique ponceaux avec l'épée au côté, les brassards, les cuissards et les éperons ; au dessus sont ses armes (1). Il mourut en 1533.
De là la seigneurie passa aux de Verny (2) qui vendirent le domaine (3) en 1673 aux Ursulines de Montdidier et la seigneurie à Antoine de Brouilly, marquis de Piennes. Olympe de Brouilly, sa fille et unique héritière par son mariage avec le marquis de Villequier, duc d'Aumont, fit passer cette seigneurie dans la famille d'Aumont, qui le possédait encore à la Révolution.
(1) - de Vignacourt : d'argent au chevron de gueules accompagné de 3 molettes de sable 2 et 1 au chef d'azur chargé de 3 fleurs de lys d'or au pied nourri
(2) - de Verny : d'or au lion de gueules à la fasce échiquetée de 3 traits d'argent et de gueules sur le tout.
(3) - Le domaine consistait en une ferme et 298 mines de terres, affermées 150 muids de blé estimés 1.680 # et en quelques autres parcelles rapportant environ 57 livres.
Parmi les événement dont Faverolles fut la théâtre, nous rappellerons les deux suivants. En 1184, Beauduin, Comte de Hainaut allié avec le comte de Flandres, guerroyait contre Philippe Auguste. Campé avec les Flamants à Faverolles, il courait la campagne et ravageait le pays jusqu'à Beauvais. Le roi, pour faire cesser cette misère, entra avec ses troupes dans le Vermandois et vint attaquer le comte près de Faverolles ; mais il ne put pas le déloger des positions où il était fortifié et dut se retirer. Ce léger échec fut bientôt réparé par la victoire de Bouvines, qui vengea le Roi de ses insolents ennemis.
Trois siècles plus tard, en 1457, lorsque la ville de Montdidier, dévouée au duc de Bourgogne, fut retombée au pouvoir de Louis XI, celui ci ordonna que cette ville fut incendiée et détruite. Des gens du peuple transportèrent la nuit le linge et les ornements des églises à Faverolles : là on les cacha d'abord dans deux futailles. Puis le curé Jean Le Comte les confia à un voiturier qui les mena au château de Mortemer. On les rendit lorsqu'une trêve fut conclue entre le Roi de France et le duc de Bourgogne.
L'église date de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe siècle. Elle forme une croix latine. Le portail est assez bien décoré : les deux piliers butants qui la flanquent portent deux niches vides de leurs statues : ces statues sont actuellement déposées dans l'église et représentent St Guillaume et St Antoine, et non pas St Pierre et St Paul, comme l'indique Mr Roger (Arch. de Pic.). Ces deux derniers saints se trouvent représentés en relief dans deux médaillons placés à droite et à gauche du portail. La voussure sculptée avec soin est ornée de têtes d'anges et de macarons, qui alternent.
A l'intérieur, on trouve dès l'entrée deux énormes piédestaux supportant des anges. Ils sont de construction récente et ont été donnés en souvenir de deux jeunes soldats tués en 1870. Les inscriptions qui se trouvent sur des plaques de fonte (0 la gloire de l'Eternel etc) sont de mauvais goût.
La frise qui se trouve dans la chapelle du latéral droit est finement travaillée. Les animaux fantastiques qui se jouent au milieu des branches chargées de feuillage et de grappes de raisin, les deux têtes grimaçantes du milieu, les volutes qui se déroulent sur une certaine longueur, forment un ensemble très curieux. C'est un travail qui date de la Renaissance. Le retable de l'autel de la même chapelle avec ses colonnes torses et ses statuettes ne serait pas sans mérite s'il était restauré avec soin.
L'église possédait naguère un autre retable en bois de chêne de la fin du XVe siècle. La fabrique le céda en 1839 à un des membres de la Société des Antiquaires de France, Mr Charles de l'Escalopier. Il représentait la Passion de N.S.J.C. ; il portait le triple cachet de l'époque de Charles VIII dans son ornementation, dans le fusil que tenait un des gardes du sépulcre, dans le long et étroit panneau qui déforment la base, et dont les décorations étaient formées de fleurons et enroulements appartenant aux premiers temps de la Renaissance.
Les pierres tombales, qui se trouvaient dans l'église, ont été malheureusement coupées pour servir de dallage des allées : les inscriptions et les dessus qu'elles portaient sont aujourd'hui presqu'entièrement effacées. Sous la chaire quelques carreaux vernissés et décorés conservent un reste d'inscription en caractères gothiques . son vivant maistre pas. trep. . Il est regrettable que jadis on ait mis si peu de soins à conserver ces vestiges du passé.
Comme à Etelfay, il y a un baldaquin au dessus du Maître Autel.
Disons en terminant que l'église présente cette particularité que les piliers du côté droit de la nef sont reliés par des ogives, et ceux du côté gauche par des pleins cintres.
On venait autrefois des environs (Etelfay) pour les maux d'yeux et le mal caduc. On attribuait aux reliques de St Défendant et de St Clair le pouvoir de guérir ces maladies. Ces reliques avaient été données en 1702 par un paroissien, nommé Dupuis (1), qui les avaient eues à Rome où il avait accompagné, en qualité de domestique, l'ambassadeur duc de la Trémouille. On avait même fait établir une fête de la translation de ces reliques au IIe dimanche de Septembre.
(1) - D'après Scellier et par Henri Lefebvre, si l'on en croit l'abbé Corbet. Hagiographie du diocèse d'Amiens.
L'église est sous le vocable de l'Assomption. L'abbesse du Val de Grâce, à cause de son union avec l'abbaye de St Corneille, était présentatrice à la cure. Celle ci, d'après les déclarations du curé (1 juin 1728) valait 416 liv. 8 sols. En 1789, le revenu était de 742#. Les dîmes se partageaient entre les Dames du Val de Grâce et le curé. Le collège du Cardinal Lemoine prenait la dîme sur un canton du terroir et la fabrique de l'église St Sépulcre de Montdidier une autre petite portion.
Pendant la Révolution, l'église fut convertie en un atelier de fabrication de salpêtre et de poudre.
Voici les noms des curés connus :
1475 Jean Baptiste Le Comte, déjà nommé.
Charles Millon
Et d'après les registres de Catholicité, lesquels datent de la fin du XVIIe siècle
1689 François Fourment
1691 .. Descouleurs
1711 .. Cochepin. Il meurt en 1725 et il est inhumé en présence des curés d'Assainvillers, Piennes, Etelfay.
1726 Alexandre Le Moyne
1736 Paul Gabriel Moignet
1749 .. d'Enguillaucourt. Il meurt subitement en 1753. Précédemment, il avait été curé de St Médard de Montdidier pendant 40 ans.
1753 .. Parmentier. Son nom ne paraît qu'une fois.
1754 .. Flors. Ce fut le dernier curé de Faverolles. Il ne quitta probablement pas la paroisse car on trouve son nom sur la liste des pensionnés de l'Etat avec l'indication de Faverolles, nommé domicile.
Depuis le rétablissement du culte, Faverolles est rattaché pour le spirituel à Etelfay.
Les registres de catholicité nous apprennent que la calvaire, qui se trouve à l'extrêmité du village, fut donné par Pierre Poulet et fut bénit le dimanche 21 7bre 1748 par le P. Hébert Martin, gardien du couvent des Capucins de Montdidier.
Nous donnons la liste des maires dont nous avons relevé les noms dans les registres de l'Etat Civil :
1793 Les listes sont signées par Louis Adrien Lamarre, officier public.
An V Noel Michel Augustin d'Amiens, agent municipal.
An VI François Je Bourbier, agent municipal.
1807 .. Desmazières
1812 Jean Louis Maillard
1821 César Flon
1869 Eugène Flon
1892 Joseph Fiévé
Nous terminons cette notice comme les précédentes par l'indication des principaux lieux dits du territoire : Les Quarante - Les 3 Muids - à la Croix rouge - au Chemin de Ste Geneviève : c'est celui qui mène à la chapelle dédiée à cette Sainte, à Lieuvillers (paroisse d'Assainvillers) où se faisait un grand pèlerinage à l'Arbret - La Grosse Borne - Les Champs Francs. Il paraît qu'en cet endroit, on trouve des vestiges de vieilles constructions - Le Champ de l'Hotel Dieu - Le Champ de Pas - Le Bois Notre-Dame - Le Marveny ?