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Portrait d'Antoine Galland. Source :
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Antoine Galland naît le 6 avril 1646 à Rollot, premier bourg du canton après Montdidier.
Il est le septième et dernier enfant d’Antoine Galland et de Marie Douillé. En 1650, Antoine Galland perd son père, moins de quatre ans après l’installation de ses parents à Noyon. Il régnait au milieu du XVIe siècle une certaine indigence dans le Noyonnais, la guerre avait ravagé la région et la population a eut à supporter son lot d’épidémies.
Mais sa vocation pour l’étude et son esprit avide de savoir aident Antoine Galland à surmonter toutes les difficultés. Il entre à dix ans au collège dit des Capettes à Noyon où il apprend le grec ancien, le latin et l’hébreu. Il fait de brillantes études secondaires au collège Duplessis où il abandonne la langue française, pour adopter le latin, langue encore bien vivante dans laquelle se feront toutes ses études fondées sur les auteurs de la « Vénérable Antiquité » ; de la grammaire de Despautère succèdent les manuels de Vossius basés sur Aristote, Cicéron et Quintilien (le premier pour les définitions et le deuxième pour les développements généraux et le dernier pour les exemples). A la fin de la classe de rhétorique, il acquiert une connaissance parfaite de la prosodie et des poétiques latines et des auteurs qui y excellent. C’est alors qu’il peut suivre pendant deux années logiques puis physiques les cours de philosophie qui préparent au grade de maître es-arts.
Cette éducation latine, tant raillée et méprisée ensuite, ne se contente pourtant pas de l’étude des mots : elle s’applique à faire connaître l’Antiquité ; et les maîtres, pour la plupart initiaient les écoliers aux travaux de l’érudition, dont le latin était encore le langage international à cette époque, et la correspondance latine, l’outil pratique de compréhension et de cohésion entre les savants citoyens de la « République des Lettres ».
Puis il continue les cours dans le grand centre savant de Paris, le Collège Royal qui lui offre un choix remarquable de maîtres en tous genres et dans l’enceinte duquel il va bien vite canaliser son désir de savoir, vers le domaine des langues orientales et se perfectionner en grec ancien.
Dans les années 1670, Louis XIV a besoin de preuves pour régler une controverse entre le ministre Protestant Claude et les Jansénistes, le Grand Arnaud et Nicole ; controverse, qui en 1670, s’est cristallisée principalement autour de la question de l’Eucharistie. Le Roi demande que soit démontrée la preuve de cette croyance et suggère d’aller la chercher dans les deux pays susceptibles de la lui fournir : la Grèce et la Turquie. Le Roi charge de cette mission l’ambassadeur, Charles Marie François de Nointel qu’il vient de nommer comme plénipotentiaire du Roi très chrétien auprès de la Sublime Porte à l’ambassade de France à Constantinople. Nointel demande pour cette charge d’être accompagné d’un secrétaire capable de la remplir à tout point. Le Grand Arnaud ne voit qu’un seul homme qui de plus connaît parfaitement le grec : Antoine Galland.
Et c’est au travers de cette première mission et grâce à ce savant de vingt quatre ans que commence l’aventure littéraire des Mille et une Nuits…
Antoine Galland restera plus de vingt ans en Orient, années interrompues par deux courts séjours au Royaume de France.
Dès le début de son séjour à Constantinople, Antoine Galland apprend le turc et se perfectionne dans sa littérature avec le maître en langues turques engagé par Colbert qui vient de créer le corps de jeunes de langues destinés à devenir interprètes pour les missions du Levant. Il se passionne également pour l’étude du Persan et l’Arabe afin de pouvoir étudier les mœurs et coutumes anciennes des populations de l’Empire Ottoman.
Tout lui paraît curieux, il aime s’attarder devant les scènes de la rue, regarder les défilés des grands dignitaires turcs et, il relève et note au quotidien ses différentes observations qu’il consigne dans un journal qui est conservé à la Bibliothèque Nationale de France. Ceci nous permet de le suivre en partie dans ses voyages au cours desquels il fit l’acquisition de manuscrits anciens, de médailles et d’objets d’art.
Durant son premier voyage, Antoine Galland eut quelques frayeurs avec une attaque de corsaires puis lors de son second le 8 juillet 1688 un tremblement de terre détruit Smyrne et provoque des incendies, quinze à vingt mille personnes périssent brûlées ou ensevelies sous ses ruines. Antoine Galland est retiré vivant des décombres avec le peu d’argent qu’il a sur lui, ayant tout perdu, les manuscrits achetés pour le Roi ont brûlé et environ six cents livres d’or.
Après trois séjours en Orient, durant lesquels Antoine Galland engage la traduction de plusieurs ouvrages arabes et turcs, il revient en France et s’y installe en 1688. Il occupe divers emplois comme numismate, interprète et traducteur à la bibliothèque royale et en provinces auprès de plusieurs savants.
Avec son ami Barthélémy d’Herbelot, en 1692, il achève notamment l’édition de son œuvre monumentale « la Bibliothèque Orientale », dictionnaire encyclopédique, sur ce qu’il faut savoir sur les peuples orientaux et qui servira à toute l’Europe du XIXe siècle, de référence scientifique afin de connaître l’Orient.
Après la mort de l’auteur en 1695, Antoine Galland en assure l’édition et rédige la préface, cet ouvrage paraît en 1697.
Antoine Galland est sollicité par Monsieur l’abbé de Louvois pour un poste d’Antiquaire à Versailles, mais il décline l’offre voulant se tenir à l’écart de la cour, préférant la quiétude des bibliothèques.
À la fin de l’année 1701 à Paris, un groupe d’historiens et numismates sous la direction de Colbert, Louvois et Pontchartrain fondent l’Académie des Inscriptions et Médailles appelée ensuite Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Antoine Galland est nommé membre de cette Académie, et c’est pour lui un vœu très cher qui se réalise.
En parallèle de cette même année, Antoine Galland entame la traduction des contes d’origine persane qui seront connus par la suite sous le nom des Mille et Une Nuits.
En 1709, Antoine Galland obtient la chaire d’arabe au collège royal.
La charge de « Garde des médailles du Roi » devenue vacante, elle lui fut proposée par Louis XIV par l’entremise de L’abbé de Louvois qui le tient en grande estime.
Mais les aspirations du modeste érudit étaient déjà pleinement satisfaites par son entrée à l’Académie et sa charge de professeur au Collège Royal. Il n’était pas tenté par plus de gloire et pensait surtout à s’acquitter avec honneur des devoirs dont il n’était que trop chargé. Au lieu de remerciements à l’abbé de Louvois, notre savant dit le manuscrit « qui ne savoit rien de ce qui s’étoit passé à Versailles et qu’on avoit voulu surprendre agréablement… » Il pria instamment Monsieur l’abbé de Louvois de remercier le Roi pour lui, de l’excuser envers sa Majesté d’accepter une telle charge qui « l’exposeroit au grand monde et le tireroit… de la retraite pour laquelle il étoit né… ». On tient du courrier de Monsieur de Louvois que le Roi ne put s’empêcher que de l’admirer.
À soixante trois ans, il connaît un peu d’aisance et il décide de prendre un peu sa liberté. Pour la première fois, il est indépendant et malgré ses maigres appointements, il loue une chambre à l’auberge du Cerceau d’or, rue des Sept Voyes, proche de l’université. Il vivra modestement d’autant qu’il signale dans son journal qu’il n’a reçu qu’une seule annuité sur les quatre années d’enseignement au Collège de France. Antoine Galland reste au Cerceau d’or jusqu’à sa mort le 17 février 1715 et il fut inhumé le lendemain en l’église saint Etienne du Mont à Paris.
À sa mort, il légua tout ce qu’il possédait à la Bibliothèque, à l’Académie et au Roi. Son neveu, Monsieur Dépréaux hérite de quelques manuscrits.
Les deux derniers volumes de Mille et une Nuits paraissent deux ans après son décès, en 1717.
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