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Marie Camille Arthur d’Hallu est né le 11 mai 1840 à Rollot de parents Rollotois qui ont exercé depuis de nombreuses générations le métier du cuir. Animé d’un fort sentiment de générosité et d’amour pour notre bourg, il n’a de cesse que de se mettre au service de la commune.
Ordonné prêtre le 23 décembre 1865, l’abbé d’Hallu est aussitôt nommé professeur au petit séminaire de Saint Riquier. Il n’y reste qu’une année, Monseigneur Boudinet, évêque d’Amiens, l’ayant choisi comme secrétaire particulier, charge qu’il remplit durant quatre ans. Il entre dans la Compagnie de Jésus. En 1873 il quitte l’ordre des Jésuites et se retrouve vicaire à Paris, à Saint Etienne du Mont six années durant. Il officie dans cette belle église de la rive gauche, célèbre pour son jubé. Là, sous les voûtes se trouvent les reliques de Saint Geneviève, la vaillante protectrice de Paris.
De retour en province après six années de vicariat dans la capitale, l’abbé retrouve sa place parmi les prêtres du diocèse d’Amiens et devient curé de Guerbigny. En 1880, par la création d’une prébende, il entre comme chanoine au chapitre de la cathédrale d’Amiens. Le 27 février 1881, Monseigneur Guilbert, évêque d’Amiens, lui confie la rédaction du « Dimanche », publication hebdomadaire du diocèse. Ses prédécesseurs à ce poste ont été l’abbé Corblet, chanoine honoraire d’Amiens, historiographe du diocèse qui l’avait créé et s’en était occupé durant trois années, puis Claude Salmon, un laïc d’une grande érudition, connaissant parfaitement l’histoire locale. Le chanoine d’Hallu garde la direction de cette publication jusqu’en 1885. Les années qui suivent sont consacrées à l’aumônerie de la Visitation à laquelle il apporte toute son attention et ses soins jusqu'au jour où les saintes filles doivent s’exiler.
Au milieu de ses occupations, il n’a pas oublié son village natal, resté cher à son cœur. Il désire lui faire bénéficier de sa générosité et pense y finir ses jours. Rollot a besoin d’une église neuve, mais le sujet est épineux. Vers 1804, le sous préfet de Montdidier suggère la suppression de l’église paroissiale de la Villette pour une transaction et des réparations à la chapelle dite de Saint Nicolas. Une pétition avait recueilli plus de cent signatures pour s’insurger contre ce projet.
La chapelle de la Madeleine n’existait plus. Elle avait été vendue en bien national à la Révolution et l’ancienne chapelle Saint Nicolas du château du XIIe étant trop petite et en mauvais état, elle ne répondait plus aux besoins de la paroisse. Elle est sacrifiée pour qu’à sa place soit édifié une nouvelle église. L’abbé d’Hallu voyait grand et ne regardait pas à la dépense, aussi il rachète du terrain pour qu’un majestueux édifice puisse s’implanter. L’église du Sacré Cœur est achevée et consacrée le 11 septembre 1895 par Monseigneur Renou, évêque d’Amiens. L’église aux élégantes proportions suscite l’admiration. Son imposant clocher s’élève à cinquante deux mètres de hauteur.
Le superbe édifice est financé en partie par les fonds propres du chanoine à hauteur de trente mille francs, somme considérable pour l’époque. Les fonds de l’État et secours du culte s‘élèvent à huit mille francs et la part de la commune à cinq mille francs.
Dans son élan de générosité, notre abbé installe avec succès une école de filles, enchaîne ses bienfaits en créant une école de garçons ainsi qu’un presbytère.
Un hommage solennel a été rendu le mercredi 11 septembre 1895 où Monseigneur Renou, évêque d’Amiens s’est rendu aimablement à l’invitation de monsieur le curé Lavoisier de la paroisse de Rollot pour une double cérémonie : la consécration de l’église du Sacré-Cœur et la bénédiction de la nouvelle école des Frères, l’école Sait Joseph ; mais sans oublier une visite et une bénédiction à l’école libre des filles, qui s’est ouverte le 29 septembre 1890. Dans cet établissement où enseignaient les religieuses de Notre Dame, c’est monsieur l’archiprêtre de Montdidier qui bénit l’école le lendemain de la fête patronale, le lundi 4 août 1890.
En ce jour de cérémonie religieuse, Rollot est paré joliment et les habitants ont émis un zèle sans limite pour accueillir le premier pasteur du diocèse. Les principales rues du bourg sont ornées de guirlandes de fleurs et de feuillage. De nombreux arcs de triomphe sont dressés sur le parcours que doit suivre Monseigneur l’évêque. La commune et ses habitants ont reçu avec faste, recueillement et orgueil le pasteur qui avait la mission de rassembler, ceci souvent répété lors des diverses allocutions adressées à la foule, telles celles de Monseigneur qui remercie et loue l’illustre architecte du Sacré-Cœur, monsieur Delefortrie, les entrepreneurs et les ouvriers qui l’ont construit.
A l’issue de la messe a eu lieu la bénédiction des drapeaux des sapeurs pompiers et de la première compagnie des archers.
Puis un banquet ont réuni de nombreux invités dans la salle de patronage de monsieur le chanoine Dhallu où monsieur le curé l’abbé Lavoisier porte un toast très applaudi et remercie Monseigneur et tous ceux qui ont répondu à son appel.
La vie insouciante et prospère en notre bourgade ne dure guère car un vent anticlérical se met à souffler de plus en plus fort. En effet suite au vote de la loi Combes, un inventaire des biens mobiliers et immobiliers est réalisé le 9 décembre 1905.
L’estimation est effective le 20 février 1906 à neuf heures du matin en présence de monsieur Léon Choisy maire, monsieur l’abbé Lavoisier prêtre, monsieur Delacroix président de la fabrique paroissiale, monsieur Bouvet trésorier de cette même fabrique, et messieurs Maupin, Joret, Dencre membres de la fabrique ainsi que monsieur Garcerand percepteur de Rollot, représentant le Directeur des Domaines d’Amiens.
L’église du Sacré-Cœur, le presbytère et son mobilier deviennent les biens de l’état, des départements et de la commune.
Puis la vie reprend son cours, Rollot imprévoyant les périls extérieurs, se réveille brusquement au son du tocsin qui s’est fait entendre le soir du 1er août 1914. Les hommes que la patrie appelle à sa défense partent sans hésitation et la lourde moisson de cette année s’achève sur un rythme ralenti, avec l’aide des femmes et des enfants…
Les combats de 1918 qui ont ravagé toutes les communes environnantes n’ont pas épargné Rollot. C’est fin mars 1918 que de nombreux assauts ont eu lieu, notamment le samedi saint 30 mars où l’ennemi a poussé une pointe avancée entre Boulogne la Grasse, Onvillers et Rollot.
Toutes les maisons et édifices de Rollot ne sont plus que des décombres ; Le bourg est détruit à plus de 95%.
La fin de vie de notre chanoine est assombrie par maintes épreuves. De tout ce qu’il avait édifié, il ne restait que des ruines, les aléas de la politique et les destructions de la première guerre mondiale ayant tout anéanti puisqu’à Rollot seules sept maisons n’étaient pas totalement détruites.
Il trouve le repos éternel le 16 août 1920 à Amiens. Ses obsèques sont célébrées en la cathédrale d’Amiens par le vicaire Cadot et il est inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens.
Souvenir de Marie Camille Arthur d'Hallu. |
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