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Andechy, village assez bien bâti, est situé à 14 kil. du chef-lieu de canton et distant de 35 kil. d'Amiens. Son territoire, tout en terrain plat, sauf vers le Sud où s'infléchit la rivière d'Avre qui le limite, commence l'immense plaine du Santerre ; sa superficie est de 777 hectares dont 663 en terres labourables et 53 en bois ; le reste occupé par les maisons, les jardins, les rues, etc.
Andechy faisait autrefois partie de l'Election de Montdidier, mais appartenait au bailliage et à la prévôté de Roye. En 1790, lors de la création des départements et de leur division administrative, Andechy fut d'abord attribué au canton de Roye, mais il en fut bientôt détaché pour être réuni à celui de Montdidier.
Le nom de ce village a subi dans le cours des siècles quelques modifications. L'acte le plus ancien dans lequel il est fait mention de cette localité est une charte de Thierry, évêque d'Amiens, datée de 1146 : elle est désignée sous le nom d'Annechy. On trouve Andechi (1184) dans une bulle du pape Luce III - Andechi, dans un titre du cartulaire d'Ourscamps de 1190 - Andeci en 1225 dans le cartulaire de Fouilloy, etc. En 1733, on écrivait Andechies.
Nous ne savons rien de positif sur l'origine de ce village. On peut croire cependant que les Romains eurent un établissement dans cet endroit. La grosse quantité de tuiles romaines à rebords qu'on y trouve donne quelque fondement à cette hypothèse.
Nous trouvons dans le cartulaire d'Ourscamps que l'abbaye reçut de la libéralité de Rogon de Roye une terre située près d'Andechy : "Ego Rogo de Royâ notem facio omnibus . quod dedi in eleemosynam fratibus Ursicampi circiter decem bovaria et dimidum de terra mea inter Garmeni (Guerbigny) et Andechi sita, Radulfo, filius meo, hoc ipsum concedente. etc". Plus tard, un échange fut fait entre les moines d'Ourscamps et un nommé Jean Cotèle ; l'acte de ratification de cet échange par Jean de Roye est daté de l'an 1207.
On voit qu'en 1479 un seigneur de Fricamps donna au couvent des Célestins d'Amiens un fief sis à Andechy et comprenant dix journaux de terre. Cette propriété passa en 1782 à l'hôpital d'Amiens.
Le chapitre de St Florent de Roye possédait 208 journaux de terre affermés 496 setiers 1/2 de blé ; sur cette quantité, il en avait acheté au XIIIe siècle trois journaux 20 verges à la veuve de Jean de Pont-l'Evêque, chevalier. - Les seigneurs d'Andechy devaient hommage au chapitre. "Quand le nouveau doyen faisait son entrée dans la ville de Roye, le seigneur d'Andechy se rendait à une borne située à l'extrêmité du terroir de Roye et tenait par le bride jusqu'au portail de la collégiale, le mule blanche sur laquelle le doyen était monté. C'était à lui aussi de chausser le doyen de ses éperons. Pour ce service, le mule devenait la propriété du seigneur. Dans la suite, les seigneurs se trouvèrent humiliés de remplir en personne cet emploi et ils obtinrent de se faire remplacer par leur bailli".
Les chapelains du même chapitre possédaient à Andechy 14 journaux de terre.
Le chapitre de Nesle y jouissait de 50 j. de terre affermés 287 l. 10 s.
L'abbaye du Val de Grâce (de Paris) y possédait 148 j. de terre.
En 1653, les Espagnols, sous la conduite du prince de Condé, avaient établi leur camp à Guerbigny. Après avoir imposé une forte contribution de guerre à la ville de Montdidier, ils se retirèrent, causant sur leur passage des maux incalculables, pillant les villages et les livrant aux flammes, ne respectant même pas les églises. Une partie d'Andechy fut alors incendiée.
Les manuscrits de Scellier nous apprennent qu'un nommé Honoré Héduin, natif d'Andechy et curé de Matigny, laissa par testament du 24 mai 1709, aux pauvres de son pays d'origine une rente annuelle de quatre cents livres à prendre sur ses biens d'Andechy et de Matigny.
Nous trouvons dans le même auteur qu'un incendie considérable eut lieu en 1764 et détruisit quatorze maisons en une heure.
L'église n'offre qu'un médiocre intérêt. Les nombreuses restaurations qu'elle a subi empêchent de préciser l'époque de sa construction. Le chœur paraît être du XVe siècle. "On y voit encore, dit Scellier, les tombeaux des comtes d'Athies et leurs armoiries aux piliers du chœur". Or la famille d'Athies, comme on le verra plus loin, posséda la seigneurie d'Andechy jusqu'en 1475.
Le portail, décoré assez élégamment, est du style de la Renaissance. Le cintre du porche est orné de rosaces travaillées avec délicatesse. Sur la gauche du chœur, s'élève une haute et forte tour quadrangulaire flanquée aux angles de doubles contreforts.
A l'intérieur, rien de remarquable, sinon la chaire d'un assez bon travail, style Louis XV, comme les lambris du chœur et la grille de clôture.
Signalons, à l'extrêmité du bas côté droit, l'autel St Blaise, à cause de l'usage qu'avaient les fidèles de faire bénir du pain et du sel le jour de la fête de ce saint (3 février) pour obtenir la guérison des enfants et des bestiaux.
En 1869, à la suite de pluies continuelles une excavation se produisit près de fonts baptismaux et découvrit l'entrée d'un souterrain menant sous le village. De chaque côté du couloir était des chambres au nombre de vingt trois. Sur un pilier, on lit : Entrée du terrier, 16. Cette date semblerait indiquer que ce souterrain servit aux habitants pour mettre leurs grains à l'abri de la rapacité des ennemis, pendant la guerre de Trente Ans, quand les bandes de Piccolomini infestaient le pays.
La paroisse d'Andechy appartenait autrefois au doyenné de Rouvroy.
Le prieur de St Leu d'Esserent (canton de Neuilly, Oise) et celui de N.D. de Montdidier étaient alternativement collateur de la cure d'Andechy, d'après un accord qui eut lieu entre eux en 1202.
D'après la déclaration rectifiée faite le 11 juin 1728, les revenus de l'église, déduction faite des charges, montaient à 541 l. 10 sols. Dans son nouvel ouvrage (le Clergé du diocèse en 1789), Darsy indique un revenu de 924 livres. La fabrique possédait 58 j. de terre et 19 j. de bois affermés 335 livres.
Le curé n'avait qu'un neuvième des grosses dîmes, pouvant produire 900 gerbes - L'évêque d'Amiens prenait trois neuvièmes. Cette part lui provenait du legs fait au mois de mai 1219 au profit de l'abbaye de St Martin aux Jumeaux par Guillaume du Bois, pour son obit, à la charge d'une distribution de 20 sols de pain aux pauvres. Cette donation fut confirmée par le pape Honorius III en 1220. Guillaume du Bois avait lui-même acheté cette dîme à Pierre Aridel en août 1215 et partie à Enguerrand, seigneur d'Oissy. Dreux. Adrien, seigneur de St Sauflieu en avait donné des lettres de saisine au mois de septembre 1215. De son côté, dès le mois d'aout, Pierre Andel s'était désisté de toute prétention sur ladite dîme.
Le titulaire de la chapelle de St Jean de Montdidier avait également trois neuvièmes des grosses dîmes affermées vingt et un setiers de blé. Il était pour cela tenu aux grosses réparations du chœur pour 20 livres. La trésorerie du chapitre d'Amiens était tenue aux même réparations pour 58 liv.
Enfin, les deux autres neuvièmes appartenaient au chapitre St Florent de Roye.
Voici les noms des curés d'Andechy qu'on trouve dans les registres de catholicité :
1567 Louis Ladain
1573 D. Sénéchal
16. à 1684 Louis Franchette
1684-1686 Gabriel Filhon
1686-1713 Nicolas Florense
1713-1714 Jacques Dugropré
1714-1740 Charles Legrand
1740-1789 Jean Léopold Lempereur d'Orcy. Il y avait eu des difficultés à sa nomination. A la mort de Mr Legrand, le prieur de Montdidier avait nommé le sieur de la Morlière. Mais, comme c'était le tour du prieur de St Sauflieu de conférer la cure, celui-ci envoya Me Lempereur, de sorte que Me de la Morlière dut quitter la cure après en avoir été en possession pendant quatre mois.
1789 .. Normand (Darsy - Clergé du diocèse d'Amiens).
1790 Etienne Louis Simon de Riencourt, second fils de Barbe Simon de Riencourt, seigneur d'Andechy, naquit en 1762. Il entra dans les ordres, devint curé d'Andechy et vicaire général du diocèse d'Amiens. Pendant les mauvais jours de la Révolution, comme prêtre et comme noble, il dut quitter la France et gagna l'Angleterre. Quand le calme reparut, il revint à son château d'Andechy et reprit ses modestes fonctions de curé. Il était ,paraît-il, d'une grand simplicité et s'était d'ailleurs attiré l'estime et l'affection générales par sa bonté et sa charité. Aussi sa mort, arrivée en 1821, excita-t-elle des regrets universels. Il avait été nommé en 1817 évêque de Boulogne : mais ce siège épiscopal, qu'on songeait à relever, n'ayant pas été rétabli lors du Concordat de 181 , l'abbé de Riencourt n'eut pas à en prendre possession.
1821-1828 Jean Jacques Caron
1829-1849 Jules Adolphe Lecointe
1849-1885 .. Lemaire
1885 .. Duboille, actuellement en exercice.
La seigneurie relevait en partie de Tilloloy et de Guerbigny. Elle appartenait d'abord à des seigneurs qui portaient le nom d'Andechy. En 1231, Jean d'Andechy et Marguerite, sa femme, vendirent au chapitre St Florent d'abord 5 bouviers [Bovare - Mesure de superficie au Moyen Age, c.à.d, contenance de terre qu'un bœuf pouvait labourer en un jour. Du Cange : Bovare bobalca.] et 1/2 de terre sur Andechy ; une autre fois ; 3 journaux dix verges et demie de terre.
A la fin du XIVe siècle, le domaine d'Andechy était possédé par Gérard d'Athies, seigneur d'Hangest, Ercheu, etc, qui fut nommé archevêque de Besançon en 1392. Il l'avait acheté de Gilles de Vendelles. Il laissa ses biens et entre autres la seigneurie d'Andechy à son petit neveu Gérard d'Athies, lequel épousa en 1431 Jeanne de Soissons, fille Thibault, seigneur de Moreuil. C'est lui probablement qui fit don au chapitre de Nesle de la propriété de cent hectares de terre sis à Bouchoir.
Gérard mourut sans enfants et laissa sa terre d'Andechy à sa nièce Marie d'Athies. Celle ci épousa Hue de Mailly, chevalier, seigneur de Bouillancourt, gouverneur de Montdidier. Devenue veuve, elle se remaria à Jean Normandeau, chevalier. N'ayant pas eu d'enfants, Marie vendit (d'après Scellier) en 1475 la terre et seigneurie d'Andechy à Nicolas de Hacqueville, notaire et secrétaire du roi. Plusieurs membres de cette famille se succèdent en cette qualité de seigneur d'Andechy. Charles II de Hacqueville, écuyer, gouverneur des villes et châteaux de Roye, comparaît comme seigneur d'Andechy en 1567, à la rédaction des coutumes de Péronne, Montdidier et Roye.
En 1577, son fils Louis signa le traité de la Sainte Union en l'Hôtel de Ville de Péronne. Il mourut sans enfants en 1596. Sa sœur Françoise, mariée en secondes noces à Charles de Beauval, se déclara héritière d'Andechy. Un procès fut soulevé à l'occasion de cette succession : il fut porté devant le Parlement qui, finalement, ordonna la saisie de la terre d'Andechy.
Nicolas de Lan, seigneur de Rosny-en-Beauvaisis, de Villers-les-Roye, et autres lieux, trésorier des finances à Amiens, se rendit adjudicataire de la seigneurie d'Andechy et du fief noble de Beauvais, le 16 septembre 1611. C'est lui qui fut chargé, comme nous l'avons vu dans la première partie, de voir si la canalisation des Doms était possible entre Montdidier et Pierrepont. Il mourut en 1616, laissant ses biens à son fils Jean. Celui ci mourut vers 1640 sans laisser de postérité. Par acte du 23 juillet 1616, il avait cédé à sa sœur Elizabeth la terre et seigneurie d'Andechy avec leurs dépendances pour lui tenir lieu de dot.
Elle avait épousé en 1599 Louis de la Fontaine, chevalier, seigneur de Candor. De ce mariage naquirent : Louis, qui fut tué en 1639 au siège de Thionville ; il n'avait pas d'enfants ; et cinq autres garçons et six filles. Le second des garçons, François, devint par la mort de son frère aîné ainsi seigneur d'Andechy. Il épousa Marie de Peyras, de qui il n'eut pas d'enfants. Par son testament, il laissa donc la terre d'Andechy à son neveu qui suit (1695) :
Louis-René de Riencourt [de Riencourt portaient : d'argent à 3 fasces de gueules frettées d'or.], chevalier, seigneur de Montelon et de Tilloloy, fils puiné de François et de Marguerite de la Fontaine. Il est l'auteur de la sixième branche de cette noble famille, l'une des plus considérables de la Picardie. Le château d'Andechy est encore entre les mains de cette famille, dont on peut voir la généalogie et la suite dans un opuscule de Mr A. Ledieu : "Un village du bas Santerre, Andechy". Imp. Mérot, Montdidier.
Voici les principaux lieux dits relevés sur le plan cadastral : le Faubourg aux Chênes - le Chemin des Charbonniers - la Hénoye - le Champ de la Gerbe - les Huleux - les Fiefs - la Vigne Buguette.
La population est essentiellement agricole. Il nous suffira, pour donner une idée du mouvement de la population de citer quelques chiffres. En 1469, Andechy, qui est porté au nombre des villes champêtres, composant les pays soumis au duc de Bourgogne, ne comptait que XXX feux.
Au commencement de ce siècle, le nombre des habitants s'élevait à 539. En 1858, on en comptait encore 427. Les dernier recensement n'en accuse plus que 365. On voit qu'il y a eu une forte décroissance.
Il ne nous reste plus qu'à donner les noms des maires qui se sont succédés depuis le commencement du siècle.
1792-1800 Gaye, François
1800-1813 Hochedé, Jean Charles
1813-1830 de Riencourt, Louis Fortuné
1830-1831 Hochedé, Jean Baptiste
1831-1842 Farcy, Honoré
1842-1844 Joly, Benjamin, maire par interim
1844-1852 Hochedé, Etienne
1852-1863 Joly, Pierre Isidore, ancien commandant, chevalier de la Légion d'honneur et de plusieurs ordres étrangers.
1863- Hochedé, Louis Charles Etienne.
Nous croyons devoir donner ici un extrait de la généalogie des de Riencourt. C'est à la fin du XVIIe siècle que cette famille entra en possession du domaine d'Andechy, qu'elle hérita de François de la Fontaine, seigneur d'Andechy (1695 ?).
Léonor René de Riencourt, 4e fils de François de Riencourt, naquit en 1635. Il fut reçu à faire hommage et serment de fidélité envers le chapitre de St Florent pour le fief d'Andechy qu'il tenait d'eux. Il épousa Catherine Vinet de qui il eut un fils.
François Simon de Riencourt, chevalier, vicomte et seigneur d'Andechy. Il épousa en 1es noces, en 1695, Jeanne Jules de Tarnault. De ce mariage, quatre enfants : René, qui suit ; et en 2es noces Barbe de Mouchet, dont il eut deux enfants.
René Léonor de Riencourt, chevalier, seigneur et comte d'Andechy, qualifié marquis de Riencourt, naquit en 1698. Il épousa Jeanne de Forceville. Ils eurent huit enfants : l'aîné fut Barbe Simon qui suit.
Barbe Simon de Riencourt, comte d'Andechy, seigneur de Beaucourt, Ignaucourt en partie, de Domléger, etc. né en 1721, épousa en 1756 Marie Antoinette de Tiercelin de Brosses. De cette alliance naquirent cinq enfants : 1° Auguste René de Riencourt continua la branche des de Riencourt et de Beaucourt ; 2° Etienne Simon Léonor ; 3° Louis Fortuné ; 4° Marie Jeanne Etiennette Barbe qui épousa le comte de Cambray, seigneur de Villers aux Erables et 5° Charlotte Françoise.
Etienne Simon Léonor, vicomte de Riencourt, seigneur d'Andechy, était le second fils de Barbe Simon. Nous en avons parlé déjà en donnant les noms des curés d'Andechy. Il était propriétaire du château et de la terre d'Andechy : il mourut en 1821, et laissa à son frère Louis Fortuné ce domaine.
Louis Fortuné, troisième fils de Barbe Simon de Riencourt, prit le titre de vicomte de Riencourt. De son mariage avec Louise Catherine de Hautoy, il eut : 1° Marie Louis, qui suit ; 2° Marie Louise Pauline. Il mourut en 1852 à l'âge de vingt quatre ans. Marie Louis de Riencourt a épousé Désirée Léontine de Maulde. De cette union est né un fils qui suit.
Léon Louis Marie, comte de Riencourt, marié le 2 mai 1860 à Jeanne Marie Elizabeth de Bertoult. D'où est né le 7 juillet 1861 :
Arnould Charles Louis Marie de Riencourt.