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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Becquigny

On trouve dans des documents anciens des formes très variées du nom de ce pays. Ainsi Bekenies, en 1119 dans une bulle du pape Calliste III, Bekegnies, en 1163 dans un compromis entre l'église de St Corneille de Compiègne et Alberte de Roye touchant les revenus de Becquigny communs entre eux, puis Besquegnies. Plus tard le nom est totalement altéré Bocquebier dans le Pouillé de 1648. Est une erreur de copiste ? Becquegnies, 1657, dans la carte de N. Sanson : de cette dernière forme sort par changements successifs le nom actuel de Becquigny.

 

Ce petit village situé à 5 kil. de Montdidier est bâti sur le versant sud de la vallée de l'Avre. Les maisons, étalées sur la pente, descendent jusqu'à la rivière. Le village lui-même est dominé par le bois et les taillis du château. De tous côtés des bois couronnent les hauteurs. Au loin sur la gauche on aperçoit au dessus des futaies le clocher de l'église de Davenescourt et les murs blancs de la chapelle du château, qui se détachent sur la sombre verdure des vieux arbres du parc.

La superficie du territoire est de 604 hectares. Le village compte 177 habitants. Becquigny a une halte sur le chemin de fer de Montdidier à Albert.

 

Cette paroisse dépendait jadis de l'Election et du bailliage de Montdidier ; mais elle appartenait au doyenné de Davenescourt.

Ce village a une origine très ancienne. Dans le compromis dont nous avons parlé plus haut et qui date de 1163, on voit qu'il avait existé là un village dont il ne restait plus alors aucuns vestiges. Dans quelles circonstances avait-il été abandonné et détruit ? Nous l'ignorons complètement. Mais dans ce même acte, on voit que la famille de Roye et les moines de l'abbaye de St Corneille de Compiègne avaient des droits communs sur la terre de Becquigny. Pour éviter toute contestation, il fut conclu qu'Albéric de Roye rebâtirait le village à ses frais, qu'il y amènerait des habitants, rétablirait la chaussée et le moulin sur l'Avre : les produits du vivier devaient être partagés. Les moines se réservaient les dîmes et le terrage.

Albéric exécuta fidèlement la convention, et de plus se fit élever une maison seigneuriale pour affirmer ses droits. La terre de Becquigny resta dans la famille de Roye jusqu'à la fin du XIVe siècle. Marie de Roye, Dame de Guerbigny, Becquigny etc, veuve en 1es noces de Jean de Hangest donna la terre, justice, seigneurie et moulin, foi et hommage à l'abbaye de St Corneille de Compiègne. Marie de Roye avait fondé dans l'église de l'abbaye une chapelle où elle fut enterrée en 1420. Mathieu de Roye renonça en 1431 aux droits qu'il avait encore sur le manoir de Becquigny.

 

D'autres seigneurs, possesseurs de fiefs à Becquigny, se qualifiaient seigneur dudit lieu. Ainsi Mathieu de Margny, dit Troulart, se nommait en 1369 seigneur de Becquignies.

Jean du Hamel, dit Rabache, tenait également un fief à Becquigny en 1383. Jacques Raget, hérault, fit en 1385 l'aveu de ce fief, parce qu'il avait épousé Marie, veuve du précèdent, et qu'il avait la garde des enfants de ladite dame et dudit Rabache.

En 1567, Michel de Lignières propriétaire d'un fief à Becquigny comparaît à la rédaction des coutumes de Péronne, Roye et Montdidier, comme seigneur de Becquigny.

Enfin au XVIIe siècle, David de Brossard, écuyer, maréchal de camp des armées du Roi, se dit seigneur de Becquigny. Il appartenait à la religion protestante. Les réformés poursuivis de tous côtés et inquiétés dans l'exercice de leur culte ne s'assemblaient plus qu'au château de Becquigny (1665). C'est là qu'eut lieu le dernier prêche. David Maillard, avocat à Montdidier et ancien de l'église, y célébrait le service. Le roi fit fermer ce lieu de réunion le 27 janvier 1665 et défendit toute assemblée de religion. La partie du cimetière de Becquigny plantée en sapins qui précède l'église de cette commune s'appelle encore le cimetière des Huguenots.

 

Le domaine fut acheté vers la fin du XVIIe siècle par Antoine Berthe, sieur de Courtebonne. Sa veuve Marie Morel, dame de Becquigny, institua comme légataire universel de ses biens, par son testament en date du 18 juillet 1736, Jean Baptiste de Sachy (Man. Scellier). Celui ci de son mariage avec Anne Lucas, fille du seigneur d'Epeaumesnil eut plusieurs enfants, dont l'aîné fut Jean Baptiste sieur de Becquigny, St Aurin et Olincourt.

Il épousa Madeleine Roussel d'Aubvillers. De ce mariage sont nés six enfants :  l'aîné fut Jean Baptiste qui épousa une demoiselle Le Caron : d'où Nicolas de Sachy, écuyer, sieur de Becquigny et de St Aurin, qui eut de son mariage avec Mlle Pingré de Thiepval une fille mariée en 1817 à Charles Albert Gaston de Pollier, comte de Vauvineux, plus tard gentilhomme de la Chambre de Charles X. Le domaine resta dans la famille de Vauvineux jusqu'en 18., époque à laquelle il fut vendu à Mr.

En 1861, le P. Lacordaire, restaurateur de l'ordre de Frères prêcheurs, si connu par les conférences prêchées à N.D. de Paris, vint passer quelques temps au château de Becquigny, où Me de Vauvineux lui avait offert l'hospitalité. Le célèbre religieux parle avec attendrissement dans ses lettres des soins qui lui furent prodigués par l'amitié. Tout fut inutile. Sentant ses forces diminuées de jour en jour, il quitta Becquigny pour aller mourir la même année au milieu des siens à Sorrèze.

En même temps que Albéric de Roye bâtissait son manoir, les religieux de St Corneille firent élever pour surveiller leurs possessions un couvent où ils mirent 4 religieux. Il était situé près du moulin. Au moment de l'union de St Corneille avec le Val de Grâce, ce couvent fut converti en prieuré. Celui-ci n'eut pas une longue existence : car trois ans après les Espagnols avaient mis le feu au village, le prieuré devint la proie des flammes et ne fut pas rebâti. C'est à cette époque aussi que les habitants, en reconstruisant leurs maisons, les rapprochèrent de la rivière : auparavant, les habitations étaient regroupées près de l'église, bâtie au moment de l'établissement des religieux ; le portail et la nef présentent les caractères du XIIe siècle.

 

Avant de parler de cet édifice, citons quelques fiefs, situés à Becquigny, et relevant de la Salle du Roy à Montdidier, d'après une lettre de 1599.

Le fief de la Mairie. Il appartenait à la famille de Hangest-Davenescourt et consistait en une maison et censives.

Le fief d'Emery, autrement dit de Denicourt qui consistait en censives.

Et enfin de fief d'Hacqueville. Il nous été impossible de retrouver rien de certain sur les possesseurs de ces différents fiefs.

 

L'église sous le vocable de St Martin semble dater du XIIe siècle : elle est située, d'une façon très pittoresque, sur une hauteur, qui domine absolument le village.

Cette église est des plus intéressantes. Le portail attire d'abord l'attention ; le cintre qui le forme repose, ainsi que les nervures de la voussure, sur des colonnettes rondes dont les chapiteaux, malgré les mutilations qu'ils ont subi il y a quelques années, sont remarquables. Ils sont ornés d'oiseaux et de dragons fantastiques dans des poses bizarres et datant de la fin de l'époque romane. Une frise sculptée entoure le portail et se prolonge à droite et à gauche jusqu'aux contreforts qui soutiennent la façade triangulaire de l'édifice.

A l'intérieur, ce qui frappe tout d'abord la vue, c'est le retable d'autel très richement travaillé et surtout son monumental tabernacle. Il est composé de deux étages et se termine par une rotonde avec colonnade : une statuette de Jésus Sauveur du Monde domine le tout. De nombreux panneaux sculptés en décorent la base et les deux étages. On verra que dans la décoration l'artiste n'a eu d'autre objet que de célébrer l'Eucharistie.

Sous le tabernacle, se trouvent trois panneaux à personnages nombreux, représentant : le premier à gauche, la multiplication des pains dans le désert, le 2e au milieu, le repas de Jésus avec ses deux disciples à Emmaüs et le 3° le lavement des pieds.

Au premier étage du tabernacle, on voit d'un côté les hébreux ramasser la manne : Moyse semble surveiller ce travail ; au milieu, la Céne ; de l'autre côté le Grand prêtre Melchisédech offre à Abraham le pain et le vin. Comme on le voit, tous ces objets se rapportent à l'Eucharistie.

A l'étage supérieur, cinq sujets de plus petite dimension, néanmoins bien traités. En allant de gauche à droite, 1° d'abord le Grand prêtre Achimélech donnant à David les pains de proposition ; 2° Ezéchiel, couché au pied d'un arbre, est réveillé par un ange qui lui présente un pain - Surge et Comedo ; 3° la Pâque : l'agneau est mangé par les Hébreux debout, la robe retroussée et le bâton à la main comme pour un voyage ; 4° le temple et l'autel des holocaustes ; 5° enfin, croyons nous, une répétition de la rencontre de Melchisédech avec Abraham.

Des deux côtés de ce tabernacle, le retable le continuant porte des niches avec leurs statuettes et des panneaux ornés de mauvaises peintures. Malgré les défauts qu'on rencontre dans ce travail, l'ensemble est remarquable. Nous aurions été très heureux de trouver quelques indications sur l'auteur de ce travail monumental. Nous savons seulement que l'autel et son retable proviennent de l'ancien collège des Jésuites d'Amiens.

L'église possède deux anciennes pierres tombales : l'une recouvre les restes de Gabriel Rivet, ancien curé de la paroisse ; l'autre est celle de Marie Pingré, épouse de Mr de Sachy, seigneur de Becquigny et d'Olencourt.

Une plaque de marbre noir de date plus récente, appliquée contre le mur latéral droit (le seul qui existe) indique la sépulture de Mr de François de Sachy de St Aurin, écuyer, seigneur de St Aurin, Becquigny et Oviller, Chevalier de l'Ordre Royal de St Louis, mort le 17 thermidor an VII et de son fils Pierre François Marie de Sachy de St Aurin, décédé en 1815 et de dame Marie Adrienne Pingré de Thiépval, morte en 1816. En tête sont les armes des de Sachy ; ils portaient : échiqueté d'argent et de sable à la bordure d'azur.

 

La cure de Becquigny était à la présentation de l'Abbesse du Val de Grâce, qui, à cause de son union avec St Corneille de Compiègne, avait en partie la seigneurie de Becquigny. Le revenu était de 500 livres (Bénéf. de l'Eglise d'Amiens - Darsy). La dîme se percevait par les dames du Val de Grâce pour les 2/3 et par le curé pour l'autre tiers. Nous connaissons les noms de quelques curés par les registres de l'Etat-Civil, qui datent de 1654. Les premiers actes ne sont pas signés. Ils le sont en :

1677          par Gabriel Rivet qui mourut en 1710, "après un long ministère", dit la pierre tombale.

1710          J. Lemaire

1737          Jean Baptiste Trouvain, précédemment vicaire de Rollot. Il était originaire de Becquigny et fut inhumé dans l'église.

1770          Jean François Maillard : c'est lui qui remet les registres aux officiers de la Municipalité en 1792.

Après la Révolution, nous retrouvons son nom :

1800-1813     J. F. Maillard

de 1813 à 1818, la paroisse est desservie par Guerbigny

1818-1827     .Harduin

de 1827 à 1831            le service religieux est fait par Fignières

1831          .. Herman

1850-1851     Jacob qui fut depuis curé de Moislains et mourut doyen de Ham.

1853          .Corbet, depuis aumônier de Bicêtre à Amiens.

1860          . Dercourt, précédemment professeur au collège de Montdidier. Il quitta sa paroisse pour aller comme maître de chapelle à Lima (Pérou), revint bientôt et entra dans la Congrégation des Prêtres de la Mission. Il mourut au berceau de St Vincent à Dax (Landes)

1862          . Moirez

1866          . Caudron

Depuis 1868, la paroisse n'a plus de titulaire : elle est desservie par les curés voisins.

 

Donnons maintenant le nom des maires :

1793         Adrien Legras, agent municipal.

1800         Augustin Lefebvre (maire en 1808).

1816         François Xavier Fouilloy.

1824         Jean François Cuvillier.

1826         François Dominique Legras.

1844         François Xavier Fouilloy.

1849         Jean Désiré Brulin.

1856         Joseph Dominique Lefebvre

1865         Vincent Brulin.

1870         Albéric Lefebvre

1881         Dominique Vte de Beaurepaire

1884         François Brulin.

 

Nous aurons terminé notre courte notice sur Becquigny quand nous aurons cité parmi les principaux lieux dits : le Moutiers (c'est l'emplacement de l'ancien prieuré) - La Ruelle des Vignes - les fiefs de la Vigne- L'Epoulotte - le Champ Boileau - La Vallée Lorraine - La Morie (on y trouve des traces des anciennes constructions du vieux village) - Le Grand Beaumesnil - Les Landiers - Le Mont de la Neige - les Greuses - Les Coqueronds - La Gluyoire - les Buviers.

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