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Rollot tient le premier rang parmi les villages du canton par l'étendue de son territoire qui est de 1.200 hectares et par le chiffre de sa population. Celle ci n'est plus que de 873 habitants. Il y a cinquante ans, on en comptait encore plus de 1.300. Il y a donc une diminution considérable dues à des causes multiples, mais surtout au dégoût que semble éprouver aujourd'hui les jeunes gens pour la campagne pour les travaux toujours fatigants et de moins en moins rémunérateurs de l'agriculture.
Sous le rapport des constructions, c'est le village que nous préférons. Nous avons visité un à un les centres de population du canton et nous avons pu les comparer. Guerbigny présente un aspect plus pittoresque. Davenescourt peut s'enorgueillir de sa position sur l'Avre et de l'aspect de ses maisons étagées en amphithéâtre sur le flanc de la vallée. Aucun village ne possède comme Rollot une rue, large et droite, longue de plus de 2 kilomètres, bordée des deux côtés et sans interruption de maisons propres et coquettes. Une église neuve, d'apparence magnifique, s'élève sur une rue transversale et masque le milieu du village. Ce qui en outre ne contribue pas peu au charme de ce pays, c'est qu'il perdu au milieu des prairies et des bois.
L'extrémité du village vers Mortemer (Oise) est traversée par une route qui porte le nom de chaussé Brunehaut : c'est un tronçon de l'ancienne voie romaine de Bavai (Bavacum) à Beauvais.
Quelle est l'étymologie du nom de ce village ? C'est un point que pourra exercer les amateurs d'archéologie. Le P. Daire dit que Rollot s'appela d'abord Rotincia. L'abbé Godard auteur d'une monographie de ce pays a cru que se pouvait être le nom d'une villa fiscalisée, devenue à l'époque mérovingienne Villa regali, métairie royale, d'un regia lega, regus locus, d'où serait venu à la longue le nom de Rollot. Cette même localité est encore désignée sous le nom de Provastrum, dans une charte de 1115. Dés 1206 on trouve dans une charte de l'Évêque Richard le nom de Rolots, qui, après différentes altérations, qu'il est facile de suivre dans le dictionnaire de Mr Garnier, arrive à la forme actuelle.
On doit admettre que ce village a une origine très ancienne. Les nombreux silex taillés ou polis trouvés sur le territoire, quantité de monnaie romaines (plus de deux mille), des poteries en terre rouge ou noire recueillies dans un cimetière gallo-mérovingien découvert en 1875 au bois des sapins, sur le bord de la chaussée Brunehaut, tout indique l'existence d'établissements anciens en cet endroit.
Vers 877, ce domaine royal, villa régia, était donné par Charles le Chauve à l'église N.D. de Compiègne qui devint l'abbaye de St Corneille. Les moines bâtirent une chapelle pour les besoins spirituels des gens qui exploitaient leurs terres. Elle fut l'origine de la paroisse de la Villette les Rollot, Villula, et c'est de ce moment que les religieux se considérèrent comme les curés primitifs de ce lieu et jouirent de tous les droits attachés à ce titre.
Dès l'établissement du régime féodal, nous voyons la terre de Rollot dans la mouvance du Comté de Montdidier. En 1115, la comtesse Adèle assistant avec ses enfants à un synode tenu à Montdidier par Geoffroy, Evêque d'Amiens, confirme le don qu'Helisand de Montdidier, chevalier, avait fait à l'abbaye de St Corneille de Compiègne des dîmes de Mesvillers (Piennes) et de Provastre (Rollot) qu'il tenait en fief de la comtesse de Montdidier.
Un demi siècle plus tard, la terre de Rollot appartenait aux seigneurs de la Tournelle qui, vers 1150, construisaient l'église de Ste Madeleine et y fondaient un chapitre.
Pendant une assez longue période, nous n'avons aucun fait à enregistrer. Au début du XVe siècle, le duc de Bourgogne est maître de Montdidier et des villages voisins. Rollot subit donc pendant plus de 50 ans tous les inconvénients de sa situation de pays frontière. En 1437 le château fut pris par les gens du Roi, mais repris presqu'immédiatement par le Comte d'Etampes qui, pour l'exemple, fit pendre la garnison.
On doit supposer que les maux de la guerre avaient été vite réparés et que la prospérité avait reparu puisqu'au siècle suivant on vit s'établir un marché et deux foires : elles avaient lieu l'une, le 8 juin St Médard ; l'autre, où se faisait un grand commerce de bestiaux, le 24 octobre, veille de St Crépin.
Vers 1592, la guerre civile sévissait autour de Montdidier : royalistes et ligueurs cherchaient à s'emparer des châteaux forts et de là faisaient le plus de mal possible à leurs adversaires. Le château de Mortemer, refuge de troupes royales, fut d'abord démoli à la demande des habitants de Montdidier, qui tenaient prou la ligue. C'est vraisemblablement à cette même époque que fut rasé le château de Rollot.
Rien de saillant au au XVIIe siècle. Au siècle suivant deux incendies terribles : celui de 1743, à la suite duquel le marquis de Longueval, seigneur de Rollot, fit remise aux habitants des arrérages de rentes qui lui étaient dues ; c'était pour Rollot un don de 60.000 livres ; et celui de 1754, où l'église St Nicolas fut comme miraculeusement préservée.
Il n'y a plus jusqu'à nos jours rien qui mérite d'être relevé. L'époque de la Révolution ne fut masquée par aucun excès dans ce village. Le curé ne fut pas tourmenté et les habitants, usant de ruse, réussirent à conserver les belles cloches de St Germain de la Villette.
En 1870, lors de la funeste guerre avec la Prusse, Rollot fut le premier village envahi dans la Somme par l'ennemi. Dès le 21 novembre, des francs tireurs embusqués sur la route de Montdidier non loin du calvaire tirèrent sans résultat sur des uhlans en reconnaissance. Le village n'eut pas pendant la durée de la guerre d'autres vexations que celle d'une imposition en argent et de réquisitions en nature.
Rollot ressortissait du bailliage et la prévôté de Montdidier. Il possédait un château fort dont il ne reste aujourd'hui que la motte ou élévation de terre sur laquelle s'élevait le donjon et qui porte encore ce nom, et les anciennes dépendances du château aujourd'hui converties en bâtiments de ferme. Les fossés, remplis d'eau, entourent encore une grande partie des derniers restes de la maison seigneuriale : la pièce d'eau appelée l'Abime et la mare de la rue St Nicolas en font partie.
Les premiers seigneurs connus de Rollot sont les seigneurs de la famille de la Tournelle, dont nous nous occuperons plus explicitement en parlant de la collégiale de la Madeleine, qu'ils fondèrent.
En 1235, Jeanne dernière héritière de cette famille fit passer la seigneurie de Rollot dans la famille de Montmorency par son mariage avec Jean I de Montmorency.
Vers 1424, la terre de Rollot passa dans la maison de Roye par le mariage de Catherine de Montmorency avec Mathieu III. Elle y resta plus d'un siècle.
En 1552, Eléonore de Roye, seule héritière de cette illustre famille, épousa Louis de Bourbon-Condé. Mais en 1588, Henri II de Bourbon vendit la seigneurie de la Tournelle avec ses fiefs et dépendances (dont Rollot) à Maximilien de Belleforrière, seigneur de Soyécourt, d'où la seigneurie passa par mariage aux marquis d'Halluin, qui la vendirent en 1743, au duc de la Rochefoucauld ; il fut le dernier qui s'intitula seigneur de Rollot. On voit par le simple énoncé qui précède que Rollot peut se glorifier de l'illustration des familles qui en tinrent la seigneurie.
LA VILLETTE - Nous croyons pouvoir parler ici de cette dépendance de Rollot. La Villette est aujourd'hui un hameau sans importance : il ne reste plus que trois ou quatre maisons, l'ancienne ferme des religieux et l'église St germain de la Villette. C'est pourtant La Villette (Villula) qui a donné naissance au bourg de Rollot ; peu à peu et pendant les longues guerres qui désolèrent la France au Moyen âge, les habitants allèrent se mettre à l'abri près du château. La ferme qui appartenait aux religieuses du Val de Grace fut vendue en 1792, ainsi que les terres qui en dépendaient.
BEAUVOIR - Hameau jadis isolé, aujourd'hui réuni à la portion principale de Rollot par suite de l'abandon des derniers habitants de la Villette qui ont construit sur la route nationale qui traverse le village.
C'était un fief noble possédé au XVe siècle par Jean Fourmentin, écuyer. Sa fille Marie, dame de Defoy, Beauvoir les Rollot, porta ces terres à la famille de Brouilly par son mariage avec Nicolas de Brouilly, seigneur de Mesviller.
En 1736, le duc d'Aumont devint seigneur de Beauvoir par suite de l'échange des terres appartenant à sa femme Olympe de Brouilly contre tous les fiefs dépendant de la Salle du Roy. Nous avons déjà parlé de cet échange (Voir Piennes).
REGIBAY est encore une autre dépendance de Rollot. C'est un hameau situé sur une légère éminence, à deux kilomètres environ du bourg. Il ne compte guère plus de huit maisons et semble condamné à disparaître dans un avenir peu éloigné.
En 1201 on voit figurer comme témoin dans un acte entre les religieux de N.D. de Montdidier et Raoul Delphin de Montdidier un "Pierre de Regibay". Ce pouvait être le procureur du fief de ce nom. En 1213, dans le rôle des chevaliers appelés à prêter serment au roi Philippe Auguste, à côté de Bauduin de la Villette, Garin, seigneur de Regibay : Baldunum de Villa. et Guarinum dominum de Regibai.
En 1474, la terre était entre les mains de Jean Cailleu de Montdidier ; il donne dix quesnes à prendre au bois de Regibay pour être employés à faire un lutrin en l'église de St Pierre.
En 1568, la terre de Regibay appartenait à Aubert Leclerc, écuyer : il appartenait à la religion réformée et il favorisait à Régibay des assemblées de religion. En exécution d'un édit prescrivant la saisie des biens appartenant aux réformés, le lieutenant général du bailliage fit saisir le terre.
En 1745, Regibay appartenait à Paul Laurent Noland, des mains de qui elle passa en 1756 entre celles de Charles Chef. Soland, seigneur de l'Eglantier. Celui la vendit à Albert Palissot de Warluzel, chevalier, qui en était encore possesseur lorsque survinrent les événements de la Révolution. Monsieur Palisot donna d'abord dans les idées nouvelles, et fut même nommé maire de Rollot. Mais bientôt sa qualité de noble le rendit suspect : il quitta son domaine, dont il conserva pourtant la propriété. Plus tard ses héritiers vendirent le domaine à Mr Lafontant ; la terre est restée indivise entre les filles de celui ci : l'aînée a épousé Mr Prarond d'Abbeville, la 2e le Comte de Fontenay et la dernière le marquis de Chennevières. Le château de très simple apparence menace ruine.
Parmi les autres fiefs situés sur le territoire de Rollot, nous citerons le fief de Carouge, situé à la Villette. Il était possédé en 1756 moitié par les Dauguy, moitié par la famille Scorion de la Houssoye. Le duc de la Rochefoucauld acheta leur moitié aux Scourion.
Le fief Marié consistait en vingt quatre mines de terre. Il était chargé de dîmes et d'un champart au profit de N.D. de Pitié de Rubescourt.
Enfin le fief du Piégé, qui consistait en huit mines de terre sur lesquelles le Chapitre de Rollot avait quelques droits.
La paroisse de Rollot a toujours appartenu au doyenné de Montdidier. Avant de nous occuper de la cure, nous croyons devoir d'abord dire quelques mots de la collégiale de la Madeleine, dont l'origine est fort ancienne.
C'est Pierre, seigneur de la Tournelle, qui vers 1150 construisit l'église de la Madeleine. On sait que Rollot dépendait du fief des Grandes Tournelles. Un chapelain desservit d'abord l'église.
Robert I, petit fils du précèdent et fils de Rogon de la Tournelle, fonda au mois de mai 1206 trois canonicats dans ladite église et les dota de 5 muids de froment, de 6 muids de vin de Coudun, d'une dîme à Conchy les Pots, et enfin de 16 mines de terre autour de l'église.
En 1301, Jean de la Tournelle, chevalier, ajouta deux canonicats à ceux établis déjà par son trisaïeul et de plus gratifia les chanoines de 15 livres de rente.
Le seigneur du lieu, héritier des droits des fondateurs, avait le droit de présentation à ces prébendes. L'évêque en était le collateur. "On ne donnait ces prébendes, dit le P. Daire, qu'à des sujets en état d'être faits prêtres dans l'année".
D'après la déclaration faite le 24 mars 1730, les revenus du Chapitre de la Madeleine s'élevait déduction faite des charges à la somme de 1.100 liv. 2 s.
Nous ne donnons pas les noms des chanoines : on en trouve une liste assez longue dans la monographie dont nous avons parlé déjà et dans laquelle l'auteur nous a autorisé à faire de larges emprunts pour cette notice.
Le chapitre de la Madeleine, (portait : de sinople à une feuille de houx d'argent) disparut à la suite de la loi du 2 février 1790 : il restait trois chanoines. L'église et les biens furent vendus en 1791 comme biens nationaux.
L'église de la Madeleine était située à l'extrêmité du village vers Mortemer. Elle était entourée des maisons des chanoines et d'un cimetière. L'acquéreur abattit le chœur et le clocher et convertit le reste en maison d'habitation. Il ne reste donc de l'antique édifice que les murs épais de la nef. Aucun détail ne révèle à l'extérieur l'ancienne destination de cet édifice.
Nous avons dit déjà que la paroisse de Rollot doit son origine aux religieux de St Corneille de Compiègne, qui bâtirent d'abord à la Villette une simple chapelle pour les besoins religieux de leurs vassaux et serviteurs. Plus tard la population ayant augmenté, ils construisirent, probablement de concert avec les seigneurs du pays, une église plus importante que remplaça enfin l'église actuelle de St Germain et se déchargèrent des fonctions curiales, en les faisant remplir par un vicaire à qui ils payaient la portion congrue. Mais ils se considéraient toujours comme les curés primitifs et s'en réservèrent tous les droits. Aussi les religieux de St Corneille et, après la réunion, l'abbesse du Val de Grâce, conservèrent toujours le droit de présentation de la cure.
D'après la déclaration faite en 1728, le revenu de la cure, déduction faite des charges, était de 510 liv.
L'église paroissiale, avant la Révolution, était celle de St Germain à la Villette. Elle subsiste encore mais elle a perdu son titre. Pourtant on y célèbre encore la messe le dimanche, depuis le jour des Rameaux jusqu'au lendemain de la Toussaint. Le cimetière qui entoure l'église est très riche en monuments et mérite l'attention des visiteurs.
L'église St Germain présente extérieurement un assez bel
aspect. Elle a la forme d'une croix latine. Elle est précédée d'une belle tour
carrée en pierres blanches avec toit pyramidal : cette tour renferme trois
cloches dont la sonnerie est fort harmonieuse et dont les habitants sont fiers à
juste titre. Deux d'entre elles furent conservées au moment de la Révolution
grâce à l'énergie et à l'habilité des habitants. Voici l'inscription que porte
la grosse cloche :
Marie suis nommée par François Bosquillon - Isaac Daugry, parrains - et par
Catherine Le Blanc et Mlle Leboucher, marraines - Me Jehan Lormies, (2nd) curé
de Rollot, Jehan Daugry, lieutenant et Marguerite Paillet sa femme, 1635. Plus
bas : Bon, maréchal fondeur de cloches.
Sur la seconde : Germaine suis nommée par Claude Debourge, Jean Paillet,
parrains, et par Françoise Cochepin, Marie Paillet, marraines. 1635 Fremin
Galland - Eloi Mathon, marguilliers - Et plus bas : Antoine Hocedé, hoste des
fondeurs de cloches - Novel Delattre - Pierre Dinan - F.A Sebastien, maréchal
Me.
La nef semble ne jamais avoir été achevée : sur les murs des bas côtés on a jeté une immense toiture de l'effet le plus disgracieux pour relier le clocher au transept. Le chœur et les bras du transept sont les meilleures parties de l'édifice. Le chœur a de belles voûtes ogivales avec arêtes et cordons : une inscription gravée sur une nervure nous apprend qu'elles ont été refaites en 1770 par Jean Durussel de Vaux. Les accès du chœur sont couverts d'un lambris en chêne d'un très beau travail, mais qu'on a eu le tort de couvrir d'un affreux badigeonnage.
Ce qu'il y a de plus remarquable à l'intérieur de l'église, c'est la chaire : elle est l'œuvre d'un artisan du pays. Elle est de forme hexagonal : les panneaux, entourés de riches encadrements, sont ornés de figures en relief, représentant, en allant de gauche à droite, St Germain, la Ste Vierge, St Vincent diacre et Ste Geneviève. On y accède par un large escalier avec balustrade pleine, dont les panneaux portent des palmes sculptées. L'abat-voix est garni d'une frise richement travaillée. Une inscription sur plaque de cuivre nous apprend que cette chaire a été faite en 1703 par A. Vaillet menuisier de Rollot ; Messire Etienne Froissart, prêtre bachelier, étant curé de cette paroisse et doyen de Montdidier.
Les fonds baptismaux composés d'une cuve ronde supportée par un pied cylindrique et flanquée de quatre colonnettes sont assez grossièrement taillés dans un seul bloc de pierre.
On voit, encastrée dans le mur du bras gauche du transept (Chapelle de la Ste Vierge), une belle pierre tombale ornée d'un dessin au trait. L'artiste a représenté un saint Pontife à l'autel, au moment de l'élévation de l'hostie. A droite et à gauche sont figurés les donateurs à genoux, accompagnés de leurs patrons. Au dessous est la longue inscription suivante en lettres gothiques :
Cy devant gist le corps de honorable home Jacques de
Fouilloy en son vivant laboureur dem à la Villette, leq avec Catherine le
thuillier sa feme en ce copris qulq augmentations qu a fait Jeahan de Pas écuier
dem à Mesvillers, Athoinette de Fouilloy sa jeune fille des dessins nommés et
doné au curé de céans trois mijnes tat prez q terres en plusieurs pièces de
terre de Mess de St Corneille de Cpiègne à la charge que iceluy curé sera tenu
et ses successeurs curés châter et célébrer chun jr des Octaves de la feste du
Très Saint Sacrement une hautte Messe et Vêpres de l'Ordinaire. Outre sera tenu
led. curé de prier le clerc de livrer livres, calice, ornements et luo-aire q
faudra châter et célébrer lesdites messes et vespres. Toutes lesquelles choses
noble home Me Alain du Castel pr lors curé de céans a accepté pour luy et les
successeurs curés coe plus à plein est contenu es ltres sur ce faictes et
passées à Montdidier par devat Nicolas Magnier et Vincent Pique notaires royaux
audit lieu en date du XXVe jour du moys de janvier l'an de grâce mil v XXXII -
lesquels trespassèrent, c'est à savoir led Jacques de Fouilloy le XV jour de
février l'an mil Vc XXV, Jehan de Pas le XIX jour du mois de may l'an mil V XLJ
Anthoinette de Fouilloy le
Priez Dieu pr eulx pater noster Ave Maria
Faict à prés à la sollicitude de Me Alain du Castel 1543.
L'éloignement de l'église de la Villette et l'absence de tout titre condamnent fatalement cette église à disparaître. Elle est déjà en bien mauvais état et il fut question un moment de l'interdire par raison de sécurité.
Elle a perdu son titre d'église paroissiale. Au moment du rétablissement du culte, à cause de l'éloignement et de l'état de délabrement de l'église St Germain, la chapelle St Nicolas, située au centre du village, fut reconnue et déclarée, malgré les réclamations et les efforts des derniers habitants de la Villette, comme église paroissiale.
Précisément, cette église St Nicolas vient de disparaître (1893) sous la pioche des démolisseurs, pour faire place à une splendide construction. Grâce aux libéralités de Mr le Chanoine d'Hallu une église monumentale, dans le plus pur style ogival du XVIIe siècle, s'élève sur l'emplacement de l'ancienne église St Nicolas, mais selon une orientation différente. Elle sera sous le vocable du Sacré Cœur. Elle a la forme d'une croix latine. Le chœur et les bras du transept sont entièrement achevés et décorés : de splendides verrières en ornent les fenêtres. A l'extérieur, l'architecte par un large emploi de la pierre en même temps que par une ingénieuse combinaison de la brique rouge et de la brique blanche a obtenu une ornementation très heureuse. Au dessus du portail très sobrement décoré s'ouvre une immense rosace dans l'encadrement de laquelle le donateur sera représenté à genoux offrant son église aux personnes de la Ste Trinité : au sommet du fronton triangulaire de la façade dominera une statue monumentale du Sacré Cœur.
Sur le côté gauche du portail s'élève la tour du clocher, très élégante, très élancé : le coq qui est sur la croix de la flèche est à 32 m de hauteur. Rien n'est ménagé pour pour donner à cette splendide construction un véritable cachet artistique ; l'architecte, Mr Deleforterie, pourra être fier de son œuvre. Quant à la commune de Rollot, elle devra une éternelle reconnaissance à Mr l'abbé d'Hallu, qui lui fait un don véritablement princier.
Nous devons donner cependant un regret à l'ancien St Nicolas : sans doute l'église était d'une apparence bien misérable, mais c'était le dernier vestige d'une époque disparue. Le chœur, auquel on avait dans la suite accolé une nef dans un style tout différent, n'était rien moins que la vieille chapelle castrale dont la construction sembler dater du XI ou XIIe siècle. A l'intérieur, elle ne renfermait absolument rien qui méritait de fixer l'attention, sauf un bonne copie de la Visitation de Ghirlandajo, donnée par l'Etat.
D'après la déclaration faite en 1728 par le curé, le revenu de la cure était, déduction faite des charges, de 510 liv 7 s. Plus tard il avait augmenté. Un bail de 1780, qui nous donne le détail des pièces de terre appartenant aux églises St Germain de la Villette et de St Nicolas de Rollot, nous donne pour la première un revenu de 755 liv 10 s. et pour la seconde de 146 liv.
Voici les nom des anciens curés.
1532 Alain du Castel (pierre tombale de la Villette)
..
1635 Jehan Lormier (inscription des cloches)
1691 Etienne Froissard, bachelier en théologie, doyen de Montdidier
1705 Antoine Pierre de Berles
1719 Louis Bilcocq. Il devint en 1734 chanoine de l'église royale de St Florent de Roye.
1736 .. Demayu
1738 François Pinchon. C'est le curé qui est resté le plus longtemps en exercice à Rollot. Il mourut à Montdidier et fut inhumé à St Germain de la Villette par Me Isambart Curé de N.D. et doyen de Montdidier.
1776 Pierre Péchon. C'est lui qui dut remettre les registres de catholicité aux agents municipaux. Mr Péchon prêta serment à la Constitution Civile du clergé et dut à cet acte de faiblesse, de ne pas être inquiété. Il resta dans la paroisse jusqu'au rétablissement du culte et reprit alors les fonctions de son ministère, en qualité de desservant. Rollot, comme la plupart des paroisses rurales, avait perdu son titre de cure et devenait simple succursale.
1805 Pierre Violette
1815 Etienne Caffin
1819 .. Petit, qui à la suite de quelques difficultés avec ses supérieurs, quitta l'habit ecclésiastique et mourut misérablement à St Just vers 1870.
1819 Jean Baptiste Leclercq, précédemment vicaire à St Germain d'Amiens.
1833 Prudent Mauguet
1868 Oswald Godard, précédemment professeur au collège de Montdidier, puis vicaire à l'église St Pierre de la même ville. Il fit rebâtir le presbytère. Poursuivi en 1881 pour un sermon prêché le jour de Pâques (il critiquait le nouveau règlement des écoles), il fut condamné à trois mois de prison, réduits en appel à six jours qu'il subit à Montdidier. Il était resté néanmoins dans sa paroisse où il était entouré de la sympathie générale, lorsque, sur les instances du préfet, il fut obligé, dix huit mois plus tard, d'accepter un nouveau poste. Envoyé à Matigny, il ne fit qu'y paraître et rentra dans l'enseignement.
1883 .. Froment, aujourd'hui curé de Caix.
Un jeu autrefois assez répandu, mais qui a disparu en beaucoup d'endroits, s'est conservé à Rollot ; nous voulons parler du jeu de la Choule. Il n'a lieu qu'une fois par an, le jour du Mardi Gras. On vient en foule des pays voisins pour être témoin de ce spectacle. On sait que ce jeu, très usité encore en Bretagne où il se pratique entre paroisses, consiste à s'emparer du choulet, boule de son couverte de cuir, que les hommes d'un côté, les jeunes gens de l'autre, se disputent avec un acharnement incroyable. Le parti vainqueur seul a le droit de danser la branle : c'est le nom de la première danse. Ceux du parti vaincu en sont tout simplement exclus.
D'autres jeux, tels que l'arc, l'arbalète, la boule, la paume, sont en honneur à Rollot.
On a conservé aussi dans ce pays, malgré tous les efforts de l'administration, l'usage des charivaris. Pendant le Carnaval, on aime à "corner".
Nous n'avons pas besoin de rappeler que la fabrication des fromages dits de Rollot est la grande industrie du pays. Il s'en fait un commerce considérable ; les fromages les plus estimés sont ceux de regain : on les fabrique dans les derniers mois de l'année.
Les habitants de Rollot, très portés au plaisir, sont grands amateurs de fêtes et très amis de la table ; un vieux proverbe dit : Ericourt, gourmand
Renlout, friand.
Cette notice serait incomplète si nous ne disions un mot d'une famille de Rollot, qui a donné plusieurs hommes remarquables : nous voulons parler de la famille Galland.
Le premier non en date mais en illustration est sans contredit Antoine Galland, dont Rollot se montre fier à juste titre. Il naquit en 1646 d'une famille pauvre, se fit remarquer de bonne heure par son goût pour l'étude et alla à Paris où, grâce à ses talents et aussi à quelques protections, tout lui réussit. En 1670, il accompagne à Constantinople le marquis de Nointel, ambassadeur de la Cour de France, et en revint au bout de cinq ans avec de riches collections. Il fit depuis plusieurs voyages en Orient pour se fortifier dans la connaissance des langues orientales. Il avait été sur ces entrefaits nommé antiquaire du Roi : il fit à ce titre quantité de recherches, publia de nombreux ouvrages qui lui ouvrirent en 1701 les portes de l'Académie des Inscriptions. En 1709, il fut nommé professeur de langue arabe au collège de France. C'est là que la mort vint le surprendre en 1715. Ce qui a rendu son nom populaire, c'est la traduction des contes arabes connus sous le nom des Mille et une Nuits. Ses remarquables travaux sur les langues orientales et les progrès qu'il fit faire à la numismatique sont ses vrais titres de gloire auprès des gens éclairés.
En 1859, grâce à une souscription, on put élever à Galland un buste sur la place du Marché. Un bas relief en bronze, encastré sur le piédestal rappelle le conte de la Langue merveilleuse. L'ensemble du monument est des plus modestes.
Le P. Daire cite un autre Galland "reconnu pour Picard, dit-il. Il fut chanoine de N.D. de Paris et principal du Collège de Boncour. On a de lui un Eloge de François I".
Enfin un autre Galland, également originaire de Rollot, vint s'établir à Amiens vers la fin du XVIIe siècle. Son fils fut maïeur d'Amiens en 1738.
Nous terminons en donnant la liste des maires de Rollot depuis l'organisation du système municipal. Nous avons dit qu'on trouvait une ou deux signatures de Mr Warluzel avec la mention : maire.
La liste commence plutôt par :
1791 Pierre Debourge
1792 Pierre Castellot
1796 Simon de St Paul, agent municipal
An VIII id signe : maire
An XII Jacques Dhallu
1813 Charles Ferdinand Duflos
1815 Jacques Dhallu (2°)
1820 Charles Duflos (2°)
1843 Pierre Joseph Choisy
1850 Joseph Harmant
1851 Pierre Louis Lecomte (de la Villette)
1855 Pierre Joseph Choisy (2°)
1856 Louis Charles Ballin
1857 Constant Choisy
1857 Clovis Dutriaux
1862 Alfred Delacroix
1870 Henri Trouvain
1871 Adolphe Choisy
1878 Henry Trouvain
1881 Achille Joret
1884 Auguste Le Caron de Beaumesnil, aujourd'hui encore en exercice. Nous ne savons si c'est le dévouement aux intérêts publics ou l'ambition de l'écharpe qui suscita les rivalités, mais aucune commune du canton n'a fait, dans le même laps de temps, une telle consommation de Maires.
Parmi les lieux dits, nous relevons les principaux :
Les prés du Meillier - Le Mouras, vers Onvillers - Les Sablons - les Garaches - les Vignes de Piennes - le Grand Buhotier - la Chêne Fée - la Pronas - la Folie - Pré de la Grigoule - les Herlies - le Muid Baron, vers le Frétoy - le Petit Buhotier. C'est dans ce canton qu'avec des restes de pannes, on trouve en quantité des monnaies romaines : il en est peu malheureusement en bon état de conservation. Les types les plus communs sont de Marc Auréle, Faustine jeune, Valérien, Postume, Tétricus, Constantin I, Constantin junior, Licinius, etc. - le pied de bœuf - la Citerne - l'Equinville - Prés des Vignes - Moulin des Vignes - . Là encore se trouvent de nombreux vestiges de construction anciennes. On y rencontre aussi fréquemment des monnaies romaines - les Chonq Prés - le pré de la Cour, vers la Madeleine - la Forêt : il y avait là un bois qui s'étendait jusqu'à Méry - le Bois des Sapins. C'est là qu'en creusant pour extraire du sable, à peu de distance de la Chaussée Brunehaut, on a découvert un cimetière gallo-mérovingien. Malheureusement on n'a pu faire aucune observation et les trouvailles se sont trouvées dispersées de tous côtés.