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Ce village est situé à 8 kilomètres S.O. (plutôt Est !.) de Montdidier ; il ne présente aucune particularité qui mérite d'être relevée. Son nom a subi fort peu de variations. On trouve toutefois Rumaugies et Romaugies dans les pouillés de 1301 et 1648.
Il appartenait jadis à l'élection et au bailliage de Montdidier.
La population actuelle est de 188 habitants, et la superficie de son territoire de 414 hectares.
La seigneurie de Remaugies est très ancienne et paraît
avoir appartenu d'abord à des seigneurs de ce nom. Dans une étude sur des
chartes concernant l'abbaye de Chaalis, Mr le Chan. Muller cite Ysabelle de
Remaugies, femme de Pierre de Mollêmes et veuve de Pierre de Séchelles,
chevalier. le sceau appendant à la charte où elle est nommée porte une dame
coiffée et vêtue à la façon de l'époque : chapel, guimpe laissant voir derrière
les oreilles une résille gonflée de cheveux, long surcot et fourrures. deux
écussons l'accompagnent : à droite celui des Mollêmes, à gauche celui des
Remaugies, à un bande .? Autour cette légende :
? S. ISABELLE : domine : de REM..IS. Cette charte est de février 1277. Cette
Isabelle est encore citée dans l'histoire d'Ourscamps par Delacourt : elle
abandonne à l'abbaye les droits sur 7 muids de Froment à prendre sur la grange
d'Arsonval.
On trouve avant elle Dreux de Remaugies, qui vers 1215 prête serment à Philippe Auguste.
Puis la seigneurie passe entre les mains de la famille de Hangard. En 1359, Jacques de Hangard s'intitule seigneur de Remaugies : il fut maïeur d'Amiens en 1369. Il laissa un fils Antoine de Hangard, lequel épousa Marguerite de Mailly. La dernière héritière de cette famille, Marie de Hangard épousa René I de Mailly et lui apporta en dot la seigneurie de Remaugies. Deux de leurs fils furent successivement seigneurs de Remaugies : Gilles VII de Mailly et puis Thibault de Mailly. Ce dernier, seigneur de Remaugies et d'Onvillers fut un des gentilshommes picards qui signèrent la Ligue à Péronne le 15 février 1577 ; il rentra dans le parti du roi, aussitôt après l'abjuration de celui ci.
De sa 2e femme Françoise de Soyécourt, veuve de Ponthus de Belleforière, il eut quatre enfants dont René II, qui suit.
René, Chevalier seigneur de Remaugies, Conseiller du Roi, hérita de la seigneurie et de la baronnie de Mailly à la mort de son cousin germain René fils de Gilles VII et petit fils de René I mort sans alliance.
Voir Mailly et ses seigneurs : Il paraît avoir fait du château de Remaugies son château de prédilection : il l'habitait avant d'hériter de la baronnie et plus tard les Espagnols ayant en partie dévasté le vieux château de Mailly, il s'était trouvé en quelque sorte contraint d'y trouver un nouvel asile. Il y avait fait bâtir une chapelle castrale sous le vocable de St Jean : elle a disparu avec le château. En 1640, il fonda une chapellenie à la condition que l'aîné de la maison en serait toujours le patron. D'après la déclaration faite par le titulaire Me Jean Bonnemain en 1728, "le revenu net était de 246 livres", en supposant, dit le bureau chargé du contrôle des déclarations, que le fermier ne soit pas chargé de payer l'honoraire des messes sans diminution de la redevance. Le nombre des messes dont le chapelain était chargé était de Cent par an (Man. Scellier).
C'est ce Robert II qui érigea 40 journaux de terre en fief noble, sous le nom de Petit Mailly à Ayencourt, en faveur de Claude Le Caron, à l'occasion d'un procès que celui ci avait fait gagner (voir Ayencourt).
Il mourut en 1642. Son corps fut inhumé dans la chapelle castrale de Remaugies : le cœur fut transporté à Pierrepont et déposé dans la chapelle qui subsiste encore à quelque distance du village et qu'on appelle la chapelle de St Riquier. Au dessous d'un écusson aux armes de Mailly, on lit l'inscription suivante :
Cy gist le coeur de défunt
Me René de Mailly
Vivant Chevalier, Coner du Roy.
Seigneur et Comte dudit Mailly
Colincamps, Beaussart, Belval,
Encrebelmère, Remaugière, Onvillers,
Le Monchel, Mainneville, les
Petites Tournelles, Monstrelet,
Gentilly et autres lieux
lequel seigneur est décédé
le 10° jour de mars 1642.
En 1769, le curé fut assassiné : on rechercha activement mais sans succès les auteurs de ce crime. On avait fait des frais considérables, dont le bailliage réclama le remboursement au seigneur de Remaugies, Louis de Mailly, comme haut justicier. Mais on reconnut qu'il n'avait que la justice Vicomitière et on le déchargea de ces frais. Louis de Mailly mourut sans enfant en 1774.
Par sa mort, Charles Louis Guislain de France, Chevalier, Comte d'Hésecques, neveu par sa mère Louis Françoise Victoire de Mailly, se trouva héritier direct de la branche aînée de Mailly et de tous les droits et devint ainsi seigneur de Remaugies et Onvillers.
Le château fut vendu et démoli en 1755 : il ne reste que quelques vestiges de fossés. Il était à l'extrêmité de la place sous laquelle courent d'immenses souterrains, s'il faut en croire les traditions locales.
Nous n'avons trouvé que fort peu de fiefs sur le territoire de Remaugies. Nous savons seulement, d'après un aveu du 24 mai 1367, que Willaume Châtelain de Beauvais, chevalier tenant un fief à Remaugies. Jeanne de Beauvais, fille du précèdent, renouvela cet aveu en 1374.
Maintenant en dehors du fief de Houssoye dont il sera question plus loin nous ne connaissons que le fief de Hangest. Il appartenait à la famille de Hangest de Davenescourt et consistait en 12 setiers de grains, deux parts en blé, le troisième en avoine et demi setier de pois de cens foncier à prendre sur treize mines de terre aux terroirs de Mesviller, la Houssoye et Remaugies.
S'il faut en croire des notes mises sur quelques feuillets ajoutés à un incunable de la bibliothèque d'Abbeville, l'origine de la paroisse de Remaugies ne serait pas très ancienne. Voici ce que dit Mr Ricbourg, l'auteur des susdites notes (voir Cabinet Historique T. VI p.157).
"Les habitants de Remaugies allaient autrefois à la messe à Onvillers qui était leur paroisse, Remaugies n'étant qu'un château seigneurial avec quelques maisons autour. La puissance des seigneurs avec l'évêque d'Amiens ont (sic) à la mort d'un curé d'Onvillers établi une cure à Remaugies. On a démembré la dîme d'Onvillers et on en a donné 1/4 au nouveau curé de Remaugies. Un autre quart appartenant à la chapelle de Houssoye et 2/4 à la cure d'Onvillers. En 1690, le Roy a augmenté les portions congrues et donné trois cents livres aux curés, ce qui a fait plutôt plaisir au curé de Remaugies, lequel a demandé au chapelain de Houssoy sa portion congrue : le chapelain a tout abandonné et depuis ce temps la cure de Remaugies jouit de la dîme de Remaugies tout entière, laquelle faisait autrefois deux parts et la moitié à l'encontre de la dîme d'Onvillers".
Ceci concorde parfaitement avec la déclaration qui fut faite par le curé en 1728. Il reconnaît avoir la dîme tout entière par l'abandon que lui en firent le prieur de Maresmontiers, les religieux de Monchy le Perreux, l'abbaye de Fentremont (?) les Beauvais et le chapelain de Houssoye qui en possédaient le 1/4. Les revenus s'élevaient, déduction faite des charges, à 343 liv. 10 sols. En 1789, à 700 liv.
Il paraît pourtant que le dîmage n'était pas toujours des plus faciles. Me Ricbourg nous apprend dans ses mêmes notes qu'en 1700, un accord intervint entre lui et maistre Pierre Bouchez, com. de Remaugies : on prit des experts qui partagèrent la dîme des deux terroirs" pour éviter la peine d'aller au bout du terroir l'un de l'autre, ce pour quoi il fallait chacun deux hommes et un très bon cheval, et encore n'en pouvait-on venir à bout ; par le partage, ajoute-t-il, nous gagnons chacun le mois d'août d'un homme et moins de mal. Pourtant on voit poindre un regret : "Il est vrai que je crois que Remaugies à quelque avantage sur Onvillers par le partage parce qu'il y a plusieurs grandes pièces dans son dîmage, mais c'est peu de chose et la commodité récompense bien la médiocrité".
L'église est fort simple et ne paraît pas ancienne : elle est sous le vocable de St Léger. Rien à signaler à l'intérieur que les fonds baptismaux qui semblent assez anciens et portent sur les pans extérieurs quelques ornements ; et dans la nef, la niche qui court le long des murailles, des bouts de poutres sculptés et représentant les prophètes et les apôtres. Citons encore Mr Ricbourg : "Du temps de Louis de Mailly, le choeur de l'église de Remaugies est tombé : c'était une des plus jolies églises du diocèse pour sa hauteur et sa délicatesse. MM les chanoines de St Quentin ont offert mille écus des vitres de cette église où tous les mystères de notre religion étaient admirablement représentés, et tout a été brisé dans le château de Remaugies parce que le seigneur n'a voulu donner la main à rien pour le rétablissement de cette église. Les Mailly sont enterrés à Remaugies dans une cave ancienne qui est sous l'église".
La tour du clocher adossée contre le pignon de l'église a été bâtie en 1718 : elle renferme trois cloches qui ne sont pas fort anciennes.
Le plus ancien curé connu de Remaugies est Me René Duquesnel : on ignore la date de sa mort.
Les registres de catholicité qui datent de 1673 nous donnent les noms suivants :
1679 Paul Flamen, mort en 1694.
1694 Pierre Bouchez : il fait remarquer dans une note qu'un obit avait été fondé autrefois par Me René Duquesnel, prêtre curé dudit Remaugies, mais que "par une manoeuvre de chicane, le sieur Dufeu de Montdidier a substitué cette fondation".
1715 François Devienne ; Mr Bouchez avait résigné sa cure en sa faveur par ordre de Mgr Sabatier. Pour plus de sûreté, Me Devienne envoya la résignation de son prédécesseur à Rome pour la faire approuver : car il y avait un désaccord entre le prieur de Maresmontiers, patron de la cure et l'Evêque d'Amiens, collateur. Me Devienne mourut à l'âge de 77 ans après avoir été 55 ans curé de Remaugies.
1768 Antoine Deheilly. il fut assassiné l'année suivante : on ne put découvrir les auteurs de ce crime.
1771 Louis Alexandre Fouquerel.
1786 .. Doutart.
1792 Jean François Carlier, desservant. Il fut élu, l'an II, comme officier public pour dresser les actes de naissance, décès, etc. L'abbé Doutard semble être resté à Remaugies pendant la Révolution car son nom figure dans un Etat avec cette mention : ex Curé ; lieu du domicile, Remaugies.
Les vases sacrés et ustensiles de culte transportés au moment de la Révolution au district consistaient en un soleil et un ciboire en argent - une croix et 2 chandelier en argent soufflé - six chandeliers à 3 pattes ; deux petits chandeliers, une lampe, un encensoir avec sa navette, une vieille croix, un crucifix, un bénitier avec son aspersoir, le tout en cuivre.
Depuis le rétablissement du culte, Remaugies a été rattaché pour le spirituel à Onvillers et c'est le curé de cette dernière commune qui depuis a toujours desservi Remaugies.
Nous citerons parmi les lieux dits : les Sablons - Les 18 Mines - les 30 mines - le Courtil - la Paradis - la Couture - la Sablonnière - Le Grand Mouras - La Gueule d'Houssoye - La Vigne.
La HOUSSOYE, annexe de Remaugies, est aujourd'hui sans importance et ne compte que deux ou trois maisons. On dit qu'il y eut autrefois plus de 200 feux. Ce qui est certain c'est qu'on trouve quantité de vestiges de constructions anciennes et que les rues sont parfaitement indiquées par les haies et le creux des chemins. Il y avait en outre un château fort qui a disparu il y a fort longtemps : l'emplacement qu'il occupait est très visible : le périmètre en est nettement dessiné par les fossés profonds qui subsistent encore. Comme c'est sur le haut de la butte, on découvre de là un immense horizon.
Le P. Daire donne cette ancienne dénomination : Ustia.
Il y avait une chapelle, celle du château sous le vocable de St Nicolas. Elle était à la nomination du seigneur du lieu. Le revenu de ladite chapelle avait été abandonné par le chapelain au curé de Remaugies à l'époque où les portions congrues avaient été portées à 300 livres. Il était de 90 liv. à la charge de 90 messes par an.
Cette terre relevait de la Salle du Roi de Montidider. On connaît les noms de quelques uns de ses seigneurs. Dans le dénombrement des chevaliers appelés à prêter serment à Philippe Auguste, comme étant de la châtellenie de Montdidier, à côté de Garin de Regibay, on trouve Raoul, maire de Houssoie. Radulfum, mairem de Housseirs.
En 1343, le roi ayant confisqué la terre donne 60 livres de rente à prendre sur la dite terre de Houssoye à Agnès de Houssoye, tout en réservant les droits que sa sœur Marguerite Germaine avait sur cette même rente, comme lui ayant été donnée d'abord à elle seule alors qu'Agnès devait être nonnain à Soissons, "laquelle n'a pas présent dévotion de l'être" (Cocheris : Mem. de la Soc. XX p. 106).
En 1367, Mathieu de Wiencourt, écuyer, à cause de son mariage avec Marie de Bains, fait pour son fils Thomas l'aveu du fief, terre et seigneurie de Bains. Il consistait en manoir, cour, jardin, et autres appartenances.
En 1399, Jehan, sire de Bains et de Boulogne en partie, déclare tenir du Roi à cause de sa chatellenie de Montdidier la terre de Houssoye.
En 1367, la seigneurie appartient à François de Brouilly : elle suivit la fortune de la maison de Piennes. Elle appartenait en conséquence à la fin du XVIIe siècle à Mr de Villequier, duc d'Aumont. Celui ci rétablit dans l'église de Remaugies la chapelle St Nicolas, mais ce fut l'Evêque qui en eut le patronage. Me François Devienne en était titulaire en 1728.
Il y avait dans la dépendance de ce fief un arrière fief consistant en 13 journaux de bois, 20 mines de terres, 7 à 8 mines de pré et autant sur Regibaye, avec champart et censives.