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Rotincia - Accueil Accueil Rotincia > Ressources > Le Canton de Montdidier

Description
du Canton de
Montdidier
par M. l'abbé Godart

Notes historiques et archéologiques sur les communes du canton > Piennes (jadis Mesviller)

Ce village, situé à 6 kil. S.E. de Montdidier, est bâti au milieu d'une belle plaine. Les rues présentent un aspect assez triste : elles sont bordées à droite et à gauche par les murs en torchis des granges ; rien ne vient rompre cette ennuyeuse monotonie que quelques maisons avec façade sur rue : ce sont généralement des cabarets. Les maisons d'habitation sont au fond des cours.

Piennes qui comptait 500 habitants en 1792, 390 en 1830, n'en a plus aujourd'hui que 349. Quant à la superficie du territoire, elle est 862 hectares.

 

Ce village était jadis du bailliage, de la prévôté et de l'élection de Montdidier. D'après le P. Daire, il y avait marché tous les mercredis : on avait même construit des halles assez belles. Il y avait également deux foires par en : l'une le 1er mai et l'autre le 1er octobre. Il y a longtemps que tout cela a disparu ; on en conserve à peine le souvenir.

Le nom actuel du village est d'origine récente : il ne s'emploie couramment que depuis le milieu du siècle dernier. Avant cette époque ce village s'appelait Mesviller, Mesvilliers, formes altérées des dénominations primitives. On rencontre en effet dans un diplôme de Charles le Chauve Melvillare, puis Metvillarii, dans le cartulaire de St Corneille - Madis villaris en 1162 dans une bulle du pape Eugène III, et (1173) dans une bulle du pape Luce III - enfin Mesvillarium, Mesvillaris, dans des chartes du XIIIe siècle pour arriver à travers diverses altérations à Mesviller. Le Dictionnaire Topographique de la Somme donne vingt huit formes différentes.

 

En 875, le roi Charles le Chauve, pour augmenter les revenus de l'abbaye de St Corneille de Compiègne, lui donna les villages de Mesvillers, Provastre (Rollot) et Erches dans l'amiénois, avec dîmes desdits lieux.

En 1115, l'évêque d'Amiens St Geoffroy, dans un synode tenu à Montdidier confirma à ladite abbaye la possession de ces autels après avoir fait Helinsand de Montdidier, chevalier, à restituer les dîmes de Mesviller et Provastre qu'il avait injustement usurpées.

En 1158, Philippe de Flandre qui avait épousé Elizabeth de Vermandois s'était fait donné par tous les biens qu'elle possédait et ceux qu'elle avait hérité de son frère Raoul : parmi ceux-ci figuraient Mesviller, qui était du comté de Montdidier ; il prit soin en outre de faire confirmer cette donation par Louis le Jeune et par Philippe Auguste, . le mineur. En 1169, le comte étant à Roye avec Elizabeth son épouse, mit un terme aux empiétements commis par Eudes, maire de Mesvillers, sur les droits que possédait dans cette commune l'abbaye de St Corneille.

Il y a là une lacune sur les origines de la seigneurie de Mesvillers. C'est seulement à partir du XVe siècle qu'il est possible de donner sans interruption la suite des seigneurs. La terre de Mesvillers entra en 1422 dans la famille de Brouilly (voir Assainvillers) par le mariage de Nicolas de Brouilly avec Mlle Fourmentin, dame de Defoy, Beauvoir les Rollot, la Mairie, la Cauroy, Mesviller, etc.

On peut se reporter à la généalogie de cette famille que nous avons donnée à l'article Assainvillers. On y verra que la terre de Piennes fût érigée en marquisat par lettres patentes en date du . avril 1669 en faveur d'Antoine IV de Brouilly. Celui-ci n'eut qu'une fille : Olympe, laquelle épousé en 1690, Louis de Villequier, duc d'Aumont.

 

Généalogie de la famille d'Aumont (portait : d'argent au chevron de gueules accompagné de sept merlettes de même, 4 au dessus (en chef) et 3 en pointe).

C'est la moment de donner la généalogie de la famille d'Aumont, qui conserva la terre de Mesviller (Piennes) jusqu'à la Révolution.

Cette famille est d'origine très ancienne et bien qu'on ait fort peu de détails sur ses premiers représentants connus, on en a du moins la suite non interrompue (Scellier). On voit dès 1248 :

Jean Ier du nom, d'où

Jean II : mort en 1300. Il eut :

Renaud d'Aumont, d'où :

Jean III qui laisse

Pierre Ier du nom, chevalier, Chambellan des rois Jean et Charles V. Il eut de sa femme Jeanne de Logne :

Pierre II, surnommé Hutin, qui après avoir servi le roi avec honneur pendant 40 ans, mourut en 1419 et fut inhumé dans le chœur de l'église de Ressons. Il épousa successivement Marguerite de Beauvais, Jeanne de Châtillon, et Jeanne de Mellon, à laquelle son frère donna ses terres de Chappes, Cléry, etc. Il eut de la dernière Jean qui continua la postérité.

Jean IV d'Aumont épousa Yolande de Chateau Villain, de qui il eut :

Jacques Ier d'Aumont qui fut Conseiller et Chambellan de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il rentra plus tard sous l'obédiance de Charles VII qui lui donna en 1450 des lettres d'abolition ; il avait épousé Catherine d'Estrabonne de qui il eut : 1° Ferry, qui mourut tout jeune ; 2° Blanche, qui épousa François Rochechouard et 3° Jean qui suit.

Jean V jouit d'un grand crédit auprès du roi Louis XIII et François Ier. Il eut de sa femme Françoise de Maillé Pierre III qui suit.

Pierre III, chevalier de l'ordre de St Michel, épousa d'abord Françoise de Sully et en deuxièmes noces Isabelle de Montreuil. Il eut de sa 1ere femme le suivant.

Jean VIe du nom qui fut maréchal de France en 1579. Il se maria d'abord avec Antoinette Chabot, fille de Philippe Chabot, Amiral de France. De ce mariage sont issus : 1° René, mort célibataire en 1586 ; 2° Antoine, mort en 1635 sans postérité. Jean épousa en secondes noces Louise Isabeau d'Angennes, de qui il eut Jacques II qui suit.

Jacques II, gentilhomme de la Chambre du Roy, épousa Charlotte Christine de Villequier et en eut César.

César, dit le Marquis d'Aumont, mort en 1661, eut de sa femme Marie Anselot de Carmerin : 1° Antoine qui suit ; 2° Roger, qui devint évêque d'Avranches ; 3° Charles, qui mourut à Spire en 1644 d'une blessure reçue au siège de Landau ; 4° Charles, seigneur d'Aubigné (ou Aubigny ?).

Antoine, seigneur de Villequier et Rochebaron, fut créé duc et pair en 1665. Il avait épousé Catherine Scarron, de qui il eut six enfants : 1° Louis Marie Victor, qui suit; 2° Charles, abbé de Beaulieu, mort en 1695 ; 3° Antoine, mort en bas âge ; 4° Armand Jean, mort aussi tout jeune ; 5° Anne Elizabeth et 6° enfin Catherine Marie qui fut religieuse à l'abbaye au bois à Paris et devint abbesse de l'abbaye du Pré au Mans.

Louis Marie Victor I, duc d'Aumont pair de France, chevalier des ordres du Roy, épousa en 1660 Madeleine Fare le Tellier, d'où sont issus : 1° Louis, qui suit ; 2° N. mort en bas âge ; 3° Madeleine Elizabeth, qui épousa Jacques Louis, marquis de Beringhem et 4° Anne Charlotte mariée en 1683 à François Joseph, marquis de Créquy.

Louis IIe de Villequier, duc d'Aumont, pair de France, Chevalier des Ordres du Roy, Maréchal de ses camps et armées, épousa en 1690 Olympe de Brouilly, fille unique et principale héritière de Me Antoine de Brouilly, marquis de Piennes. Nous avons vu qu'en 1705 Olympe de Brouilly échangea avec l'autorisation de son mari plusieurs terres qu'elle possédait dans l'enceinte du parc de Versailles contre les fiefs relevant de la Salle du Roi à Montdidier. Du mariage susdit vint :

Louis III Marie, duc d'Aumont, seigneur de Villequier, Rochebaron, Chasses, etc, etc., brigadier et maître de camp de cavalerie, fut gouverneur de Boulogne et du Boulonnais et mourut en 1723. Il avait épousé en 1708 Catherine de Guiscard, laquelle mourut à l'âge de 31 ans. Il en avait eu deux enfants : 1° Louis Marie Augustin qui suit et 2° Nicolas Olympe, qui mourut chevalier de Malte.

Louis IV Marie, duc d'Aumont, 1er gentilhomme de la chambre du Roi, chevalier de ses Camps et Armées, marquis de Nolay, baron de Molines, la Rochetaillée et Chappes, Comte de Montdidier (par suite de l'échange dont il a été parlé plus haut), marquis de Piennes, de Guiscard, seigneur de Pérennes et autres lieux, épousa en 1727 Félix Victoire de Durfort de Duras, veuve de Jacques, duc de Fitz-James et en eut cinq enfants : 1° Louis Marie Victor qui mourut en 1731 ; 2° Louis Marie Guy qui suit ; 3° Henri Camille, mort en 1746 ; 4° Louis Alexandre, marquis de Chappes et 5° Jeanne Louise Constance d'Aumont, qui épousa en 1747 Gabriel Louis, marquis de Villeroy.

Louis V Marie Guy d'Aumont, marquis de Villequier, épousa en 1748 Louise Jeanne de Duras, un des plus riches partis de France. La terre de Piennes était encore dans leurs mains lorsque survinrent les événements de la Révolution. A cette époque, les seigneurs [La famille subsiste encore. Nous espérons pouvoir, grâce à des renseignements qui nous ont été promis, la généalogie des d'Aumont jusqu'à nos jours.] durent se sauver pour se mettre à l'abri : leurs terres furent vendus comme biens nationaux : le caveau où reposaient les restes de leurs ancêtres fut violé.

 

Il n'est absolument rien resté du château de Piennes. On en connaît seulement l'emplacement : il se trouvait où est aujourd'hui la propriété de Mr Legrand dont l'habitation (fief situé près de Rubescourt) a conservé le titre de château. Il y avait pourtant tours et murailles avec fossés. En 1636, Piccolomini s'en empara et y mit une garnison espagnole : ces troupes, avant de se retirer, firent le sac du village et mirent le feu à l'église qui perdit alors les voûtes de la nef (Notes de Mr Dangez, curé) - En 1653, de Montigny commandait la garnison du château et c'est lui qui envoya un messager aux échevins de Montdidier pour leur annoncer la prise de Roye par le prince de Condé et les avertit de se tenir sur leurs gardes. Ce château fut démoli par le duc d'Aumont, qui se proposait d'en bâtir un plus convenable : les événements ne lui en laissèrent pas le temps.

 

Il y avait d'assez nombreux fiefs situés sur le terroir de Piennes : nous allons en signaler quelques uns :

1° Le fief du Lendy, qui d'abord relevait de Grivesnes. En 1494, Jean d'Hangest, seigneur du Ponchel (fief situé près de Rubescourt), possédait également le fief du Lendi les Mesvillers.

2° Le fief de Bussy consistant en 72 mines de terre et 56 mines en roture.

3° Le fief de la Mairie, situé derrière le château et consistant en un  maison et 3 journaux de terre.

4° le fief du Grand Cauroy.

5° le fief du Montier

6° le fief Thibault et enfin le fief Belonne sur lesquels nous n'avons aucun détail, sinon qu'ils dépendaient des Grandes Tournelles.

 

Disons enfin que un des moulins de Montdidier, le Moulin Becquerel rendait 900 liv. au seigneur de Piennes.

 

La paroisse a toujours appartenu à la prévoté de Montdidier. Nous avons vu que l'autel de Mesvillers fut donnée en 875 par Charles le Chauve à l'abbaye de St Corneille de Compiègne. Après la réunion de St Corneille avec le Val de Grace, ce fut l'abbesse de cette maison qui, héritière des droits des anciens abbés, eut le patronage de la cure de Mesvillers. Quant aux dîmes, elles avaient été dans l'intervalle, nous ne saurions dire à quelle époque, inféodées : elles appartenaient au seigneur de l'endroit.

 

D'après la déclaration du curé, du 25 juillet 1728, le revenu de la cure, déduction faite des charges, était de 395 liv. 3 sols - de 700 livres en 1789, assure Mr Darsy dans son nouvel ouvrage. Ceci concorderait mieux avec les chiffres que nous trouvons dans le registre aux délibérations de la commune. En 1785, le curé Grenot fait la déclaration suivante : "Le bien de la cure consiste en une maison, cour et jardin de 22 verges - 29 mines 1/2 de terres labourables affermées pour 70 setiers de blé, mesure de Montdidier, - une dîme morale valant environ 40 liv. par an et enfin 236 livres payées par le duc de Villequier, gros décimateur".

L'église, placée au centre du village, au croisement des deux rues principales, est entourée par le cimetière : elle est certainement une des plus belles du canton. Le chœur, de construction plus ancienne que le reste de l'édifice est percé de fenêtres ogivales sans aucune ornementation. Il est précédé de trois larges nefs éclairées par de belles fenêtres ornées de meneaux et de flammes. Ces nefs se terminent chacune par une façade triangulaire. (erreur)

Celle du milieu est flanquée de deux contre forts ornés chacun d'une niche abritée par un dais pyramidal bien fouillé. La niche de droite renferme une Ste Marthe, reconnaissable à la Tarasque tenue par une chaise ; la niche de gauche abrite Ste Catherine vêtue d'une robe richement ornée. Entre les deux piliers se trouve le portail. Il est formé d'une voussure avec nervures prismatiques ; le tympan est percé d'une rosace dont le milieu est occupé par une statue de la Ste Vierge. Cette statue, placée sur un élégant support et abritée par un dais du plus pur style de la Renaissance, mérite une attention spéciale. La Vierge repose sur un énorme croissant. Pulchra ut luna, disent les Livres Saints.

Deux niches placées à droite et à gauche du portail sont vides de leurs statues. Sur le socle qui les supportent on lit les inscriptions suivantes en caractères gothiques. D'un côté : lam v'un me de pas clem. mavi faiz. De l'autre : lam v'xun j de pas. epousa. Quels sont les deux personnages ici indiqués ? Me Clément de Pas en 1504 ? Jehan (ou Jacques) de Pas en 1514 ? (voir l'inscription sur la Villette à Rollot). Le champ est ouvert à toutes les suppositions.

Les deux battants de la porte d'entrée sont ornés de panneaux sculptés dans le goût de la renaissance : on y remarque deux médaillons avec figures. Sont-ce des portraits ?

Au dessus du portail dans le fronton triangulaire du milieu se trouve une grande fenêtre partagée par deux meneaux. Les deux pignons voisins sont également percés d'une fenêtre ouvragée.

Il ne reste de voûtes en pierre qu'au croisement des bras du transept avec la nef et dans les chapelles qui forment les bras de la croix. Les voûtes de la nef, comme nous l'avons dit plus haut, sont tombées en 1636, lors de l'incendie de l'église par les Espagnols.

Les bas cotés sont voûtés transversalement ; aussi chacune des travées forme pignon à l'extérieur. Les poutres qui supportent les voûtes en plafonnage portent des traces de sculpture : ainsi à droite, à la seconde travée, on remarque une figure humaine ornée de deux longues oreilles d'âne ; de l'autre côté est représenté une tête d'animal.

A la fenêtre de la chapelle de la Vierge il reste quelques débris de vitraux anciens : on distingue encore un ange adorateur et un autre ange porteur d'une colonne. La fenêtre qui éclaire les fonts baptismaux est encore garnie dans le haut de ses anciens vitraux. En haut est le Père Eternel, des Anges dans l'attitude de l'adoration lui forment une véritable cour. Au dessous dans un cartouche se trouve la date : 1545. Les fonds baptismaux sculptés avec goût sont de cette même époque ; les colonnettes qui accompagnèrent le pied supportant la cuve ont disparu.

 

La première chose qu'on remarque en entrant est une Vierge en pierre adossée au premier pilier à droite. Elle a les cheveux flottants sur les épaules et porte un diadème orné de pierreries ; sur son bras  droit l'Enfant Jésus tenant une colombe par les ailes. Ce groupe curieux doit dater du XIVe siècle.

La chaire n'est pas d'un travail bien remarquable, quoique ses panneaux et la balustrade de l'escalier soient de la renaissance. Nous préférons de beaucoup le banc d'œuvre placé en face au dossier ouvragé et à joint ; il y a de très beaux panneaux : celui du milieu portait les armes de la famille d'Aumont que l'on a stupidement effacées pendant la Révolution.

Le maître autel est encore abrité de son ancien baldaquin.

A l'extérieur, les murs portent encore les traces d'une litre (?) ; les armoiries placées sur les piliers sont éffacées : c'étaient évidemment celles d'Aumont.

 

Voici, d'après les registres de catholicité, les noms des curés de Mesvillers.

1686      Jacques Fourment

1689      Nicolas Haudrechy - alias Haudessy.

1697      Nicolas H. Warconsin, jusqu'en 1732. Alors il signe H. de Warconsin. Il fut curé pendant 44 ans et 9 mois.

1741      Jean François Guérin, qui fut curé pendant 43 ans. Le curé pouvait s'attacher à ses paroissiens et ceux-ci à leur curé !

1784      Charles Martin Grenot, auparavant vicaire de Guerbigny. Le dernier acte signé par lui avant la remise des registres aux officiers municipaux est du 15 oct. 1792.

 

Les registres aux délibérations du Conseil Général de la commune de Piennes, datant de cette époque, nous donnent d'intéressants renseignements sur divers événements de l'époque révolutionnaire. Nous en extrayons ce qui suit :

Dès 1791, le curé Grenot prête devant la municipalité de serment exigé par la loi du 27 9bre 1790, touchant la Constitution Civile du Clergé. Il ne fait aucune restriction et déclare se conformer purement et simplement à la loi. On va voir d'ailleurs que ce pauvre curé se prêta, avec une rare complaisance, à tout ce qu'on exigea de lui.

En 1792, sur l'injonction d'André Dumont, la Croix qui dominait le clocher fut abattue et remplacée par une flamme tricolore.

L'an II, le 5 ventôse, sur un ordre venu du district, on procède à l'enlévement de toutes les matières d'or, d'argent et de cuivre qui se trouvaient dans l'église. Alors disparurent un calice en argent avec la patène, 3 boîtes aux Stes Huiles en argent - 16 chandeliers tant grands que petits - 3 lampes et 2 encensoirs, le tout en cuivre.

A cette même occasion, on ne craignit pas d'ouvrir le Caveau où reposaient les restes des ducs d'Aumont. Les cercueils en plomb furent envoyés à Montdidier avec les objets ci dessus désignés. Les ossements furent laissés dans le caveau, qu'on mura aussitôt.

Le 30 germinal de la même année, ce fut au tour des ornements d'église : galons, chasubles, étoffes, "tout ce qui avait servi trop longtemps, comme le porte le procès verbal, aux ridicules cérémonies d'une culture superstitieuse" fut enlevé et transporté à Montdidier.

Le 3 floréal suivant, le "citoyen" Grenot, peu rassuré à la vue de ce qui se passe, demande un certificat de civisme. Le conseil général "ayant connaissance de l'attachement dudit citoyen à la révolution" le lui accorde facilement.

Dès la fin de l'an II (1793), l'église ne servait plus déjà au culte. On l'avait convertie en atelier de fabrication de salpêtre. Le Conseil  montre à ce sujet un grand zéle : il envoie à Montdidier un citoyen pour l'instruire dans les secrets de cette fabrication, il sollicite des dons à cet effet, et faisant appel au patriotisme des habitants déclare qu'il est juste que "tandis que les uns lancent la foudre, les autres travaillent à la préparer et à la forger". C'est la phraséologie de l'époque.

L'an III, l'horizon semblait se rasséréner. Le citoyen Grenot déclare qu'il a l'intention de reprendre l'exercice de son ministère. Il proteste "qu'il se soumet et sera toujours soumis aux lois de la République française et qu'il n'entend pas troubler en rien l'ordre ni  la tranquillité".

Le 3 brumaire, nouvelle déclaration : "Je reconnais que l'universalité des citoyens est le souveraine, et je promets soumission et obéissance aux lois de la R.F.. Cette déclaration est affichée à la porte de la maison communale et dans l'église même.

L'an IV, c'est à recommencer : "Je jure, dit encore le citoyen Grenot, haine à la royauté et à l'anarchie et soumission à la Constitution de l'an III". Il fallait bien se conformer au décret de fructidor.

On sait que le coup d'Etat du 18 fructidor avait livré de nouveau la France au Jacobins et rejeté l'église en pleine persécution. C'est ce régime qui imposa au clergé ce nouveau serment de haine. Il fallait vraiment être enragé et pour décréter la haine et vouloir l'imposer aux consciences.

Ce serment rencontra plus de résistances que les précédents.

..

étaient du nombre de ceux qui avaient prêté serment publièrent une lettre justificative. La discussion suscita des publications nombreuses. Il paraît que Mgr de Belloy autorisait ce serment dans son diocèse. On porta enfin la question à Rome qui déclara ce serment de haine inacceptable, mais par le bref du 16 janvier 1799, le pape autorisait le serment de fidélité et d'attachement à la République et à la Constitution, sauf toutefois les droits de la religion catholique. Il se passe quelque chose de semblable de nos jours et Léon III par les enseignements semblent donner aux catholiques la même direction.

Quoi qu'il en soit, on peut trouver, dans ces incertitudes, de quoi excuser le curé Grenot qui l'an VIII promit de nouveau "d'être fidèle à la Constitution". La municipalité de Piennes ne lui épargna aucun serment.

L'abbé Grenot redevint curé après le rétablissement officiel du culte et mourut en 1813. Il eut pour successeurs :

1813        Pierre François Le père

1817        .. Cagniard

1817        Denis Pierre Lefebvre

De 1821 à 1823, Damase Mansard dessert Etelfay et Piennes.

1823        Anicet Bourgeois, qui depuis fut curé de Proyart, puis d'Etelfay où il mourut.

De 1826 à 1828 : nouvel intérim.

1828        Luglien Dangez, depuis aumônier des Ursulines à Amiens. Il a écrit une vie peu estimée de Sts Lugle et Luglien patrons de la ville de Montdidier.

1841        .. Sannier

1845        .. Dupont

1856        François Vue

1867        François Paul Crépin, aujourd'hui curé d'Ochonvillers.

1873        Arsène Clause, en exercice.

 

Si nous relevons les principaux lieux dits, nous trouvons : la Terrière - le Poirelet - le Muid de Houssoye - Le gibet Goret - La fosse à Tuilots - Le Lendit (on comprend sous ce nom toute la partie de Piennes qui s'étend depuis l'école jusqu'à l'extrêmité du village vers Rollot) - Le clos de la Guerre ? - Le Parc - Le Moulin de la Tour - Les Montifaux - Les Vignes - Le bois brûlé.

 

Il ne reste qu'à donner la liste des maires :

1790       Pierre Lefebvre

An III (1795) Antoine Mareux

1845       Constantin Boulanger

1870       .. Prévot

1871       Alphonse Foullois

1872       .. Legrand

1881       Auguste Lefeuvre

1892       Palmyre Duchemin.

 

Nous reprenons une omission que nous avons faite en parlant de l'église. Le clocher renferme trois cloches, qui furent baptisées en 1820 par Me Aubrelicque, curé doyen de Montdidier.                                                                            

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