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Ce village, situé au S.E. de Montdidier et à 10 kil. de cette ville, allonge son unique rue au fond d'une vallée profonde et étroite, bordée d'un côté par la hauteur sur laquelle se trouve Regibaye (dépendance de Rollot) et de l'autre par les pentes qui se relèvent vers la Houssoye (dépendance de Remaugies). Il est entouré de prairies et de bois qui sont la continuation de ceux de Bains (Oise).
Le nom du village n'a subi dans le cours des siècles que de légères déformations : on trouve en effet dans les textes anciens Onvillaris, Ouviller, Orvilliers.
La population, qui était en 1830 de 203 habitants, de 230 en 1850, n'en compte plus aujourd'hui que 146. La superficie du territoire est de 355 hectares.
Le village appartenait au bailliage et à l'élection de Montdidier.
La seigneurie de ce pays a appartenu dès le commencement du XVIIe siècle à la famille de Mailly : elle lui a appartenu jusqu'à la Révolution. Comme les seigneurs étaient les mêmes que ceux de Remaugies, nous nous en occuperons à l'article Remaugies, commune sur le territoire de laquelle se trouve Houssoye.
Vers la fin du XVIIe siècle, la maison de Brouilly était devenue seigneur en partie d'Onvillers. Son fief dépendait de la Salle du Roy.
Robert du Maisnil, bourgeois de Montdidier, tenait un fief situé entre Orvillers et Houssoye, au lieu dit bois des Essarts (Déclar. du 12 nov. 1373). Ce fief passa entre les mains de Mathieu de Bourgueil à cause de sa femme Johanne, veuve de Robert du Maisnil (mai 1383).
On trouvait encore le fief du pré Capelle, consistant en 8 journaux de prés et de bois, situés derrière le presbytère.
La paroisse d'Onvillers a toujours appartenu au doyenné de Montdidier. La cure était du patronage du Prieur de Maresmontiers. Le P. Daire assure qu'elle valait de 6 à 700 livres. Mais, d'après la déclaration faite le 23 juin 1728, les revenus, déductions faites des charges, n'étaient que de 347 liv. Le curé avait en plus toutes les dîmes que lui abandonnèrent le Prieur de Maresmontiers, les religieuses de Monchy-le-Perreux, l'abbaye de Panthemont-les-Beauvais, et le chapelain de la Houssoye. Ce dernier en possédait le 1/4. Mr Darsy nous dit qu'en 1789, les revenus s'élevaient au total de 1.646 liv.
Il y avait dans l'église une chapelle sous l'invocation de St Antoine (primitivement du St Nom de Jésus). Elle était à la nomination du seigneur du lieu et valait 400 liv., provenant en grande partie d'une donation faite par Me Antoine Bachelé, né à Onvillers : nous en reparlerons plus loin. Le titulaire de cette chapelle était tenu à 3 messes par semaine.
L'église a la forme d'une croix latine : le chœur bâti en pierre de Mortemer paraît très ancien et semble dater du XIIe siècle : des piliers encastrés dans la muraille de la nef semblent d'une époque plus rapprochée. En tout cas, elle est très pauvre et n'offre aucun détail qui mérite d'être mentionné. La cuve baptismale, carrée, est portée sur un pied cylindrique flanqué de quatre colonnettes.
Le clocher en charpente renferme trois cloches. Elles portent des inscriptions vraiment curieuses que nous croyons devoir reproduire ici.
La petite -
L'an de N.S.J.C. 1869, Pie IX, pape et roi, Napoléon III, empereur, j'ai été bénite pour l'église d'Onvillers par J.Ba. Bataille, curé de la paroisse et eut l'honneur du St Père né Jean Mastaï Ferreth, nommée par Mr Florescat de St Omer et Me Célénie Foulloy - Jeanne Marie Immaculée Pie.
En mémoire du St Concile oecuménique du Vatican
Encyclique et syllabus Mentana
8 Xbre 1864 1867
A la gloire des croisés de St Pierre martyrs de la liberté de l'église. Castel Picardo. 1860.
Dogme de l'Immaculée Conception, 1854.
Comme on le voit, c'est un résumé des principaux événements qui ont marqué le pontificat de Pie IX : c'est une vraie page d'histoire ; et nous croyons que peu de cloches présentent un tel luxe de détails.
La moyenne porte ce qui suit :
J'ai été bénite par Mr Leclerc, curé de Rollot, et je suis
nommée Catherine par Mr Ducos Joseph Basile, propriétaire à Bincé (sic) parrain
- et la marraine Me Catherine Lucille Fontaine - Mr Jean Baptiste Lecomte,
maire, Casimir Fache, adjoint, Louis Lefeuvre, instituteur maître d'école à
Onvillers -
La cloche porte en outre différentes figures : ainsi, un Christ, St Martin et
son pauvre, la Vierge Marie avec l'Enfant Jésus dans ses bras. Sur la bordure :
Cavilliers - Carrépuits et Solente.
La grosse est la moins bien partagée ; elle dit simplement :
Je dois mon existence à la générosité des habitants d'Onvillers. J'ai été bénite
l'an 1848 par Mr Pierre François Adhelard Bellet, curé de la paroisse. Mon
parrain a été Jules Désiré Ricquebourg et ma marraine Delle Joséphine de St
Omer.
Lecomte fils, maire. Je m'appelle Désirée Marie Joséphine.
Les noms des plus anciens curés connus de la paroisse d'Onvillers nous sont parvenus grâce à des notes écrites par une curé de ce village sur des feuillets ajoutés à un incunable, un Obséquiale, imprimé en 1493 (ce volume est à la Bibliothèque d'Abbeville), et tombé deux siècles plus tard en la possession de Mr Ricbourg, dont il sera bientôt question.
1572 .. Quentin. Le portrait de ce prêtre se voyait encore en 1701 sur une vitre de l'église d'Onvillers. Mr Quentin était revêtu d'une chape et portait la fourrure de docteur. Scellier a cru que c'était A. Bachelé.
1608 Sanson Grau
1648 Jacques Turpin. Les registres de catholicité datent de 1655. De 1666 à 1674, ils sont rédigés en latin. Il meurt en 1696 et est inhumé dans l'église.
1696 Louis Ricbourg : il aimait à écrire : c'est lui qui est l'auteur des notes mises sur l'Obséquiale. Il en a rempli également les registres de catholicité. Nous allons en relever les principales.
Il nous apprend d'abord que le presbytère était en désordre quand il y est entré, mais que grâce à une souscription où chacun des habitants donna dix sols, grâce aussi à sa contribution personnelle de 10 livres "on raccommoda ce qui était le plus pressent. Le presbytère se composait d'une cuisine, d'une chambre et d'un petit cabinet". Il faut reconnaître que ce curé n'était ni commodément ni largement logé.
Nous le verrons revenir sur le prix des denrées : "En 1696, le blé n'a valu que 40 ou 50 sols le setier. En 1695, le prix était le même ; mais en 1694, il a valu 15 livres : il est mort bien du monde cette année là. En 1693, il a valu une pistole (10 livres) et à la fin de l'année il a été jusqu'à 12 liv. le setier, mesure de Montdidier".
En 1696, on refondit les deux cloches : le curé prenait soin de dire qu'on en avait cassé une en sonnant à son arrivée. La dépense fut couverte moitié par la population, moitié par l'église. Le curé donna pour sa bienvenue 9 livres.
En 1699, il fait percer une croisée au toit du chœur pour éclairer ledit chœur, qui était auparavant, ajoute-t-il, naïvement, plus obscur qu'il ne l'est aujourd'hui.
Même année, la grange du presbytère est construite par Jean Dalard : coût 180 liv. Du consentement des habitants, la fabrique promet 80 liv. payables en quatre annuités : les reste est à la charge du curé.
Voici maintenant des détails très curieux avec de naïves réflexions sur le camp de Compiègne, tenu par Louis XIV. Je cite textuellement.
"Au mois de mars, le Roy a fait son camp près de Compiègne pour faire voir la guerre aux dames et montrer au prince d'Orange, usurpateur du Royaume d'Angleterre, et à ses alliés qu'il était encore en état de faire la guerre". Galanterie et patriotisme mélangés. Continuons :
"Il n'y avait rien de plus beau à voir et avec d'autant plus de plaisir qu'il n'y avait rien à craindre. L'armée était campée dans la plaine de Monchy à Compiègne. La bataille s'est donnée à la ferme de Warnavillers, près Gournay. Le maréchal de Boufflers était le généralissime de l'aile gauche, et le maréchal de Villeroy, celui de l'aile droite : ils ont livré bataille l'un contre l'autre après trois semaines de campement. Les canons, les mousquets et les carabines tiraient avec de la poudre seulement sans boulet ni balle". O sancta simplicitas ! Le curé ajoute : "Ce n'était pas pour de bon, ce n'était que pour rire et nature ne pâtissait pas". Des réflexions de ce genre peignent un homme.
Nous retrouvons ensuite le prix de quelques denrées. "Le blé vaut cette année 7 l. le setier - le foin 7 l le cent, pendant un mois ; pendant le reste de l'année, il vaut 18 francs". (!?.)
Voici maintenant des dons faits à son église. Mr Fricot, chanoine de Roye "de ses amis" a fait présent d'un soleil de cuivre doré avec un croissant d'argent. "Les années précédentes, je me suis passé de soleil". Brave curé !
On donne encore un bénitier de cuivre ; on échange 4 chandeliers de cuivre contre deux autres, moyennant 20 sols de retour.
En 1705, les demoiselles de Frénoy donnent un ciboire. "Avant, dit Mr Ricbourg, on était obligé de se servir d'un caporal pour conserver les hosties. Les donatrices demandent qu'à titre de reconnaissance on chante un obit pour elles chaque année. Le curé déclare que lui personnellement n'y manquera jamais tant qu'il vivra et il espère, ajoute-t-il, que ses successeurs auront à cœur de payer cette dette".
En 1706, le curé consigne la mort de Mgr Feydeau de Brou, décédé en son palais épiscopal au retour de ses visites et après la retraite générale des vicaires de son diocèse. Voici l'éloge qu'il fait de ce prélat : "Il était zélé, vigilant et savant : il commençait à jouir du fruit de ses travaux. Il parcourut son diocèse en 5 ans. Nous eûmes sa visite deux fois, en 1699 et en 1704. J'oublie la plus éclatante de ses vertus, qui est la charité envers les pauvres familles de la ville d'Amiens surtout et de son diocèse en proportion. Il avait 30.000# de rente, dont 25.000 de l'évêché et 5.000 de son patrimoine. Il en dépensait 12.000# et faisait bien les choses ; il donna le reste aux pauvres ; chose très certaine, il n'y a rien qui gagne les cœurs comme la charité. Il emporte les larmes et les regrets universels de son diocèse. Il fut regretté de tous et en particulier de honnêtes gens". Nous avouons que nous avons reproduit avec plaisir cet éloge de Mgr Feydeau : on y reconnaît l'expression de la vérité : il était bon de mettre au grand jour.
(1706) Suit une longue note sur la bataille de Ramilliers, gagnée par Malborough. Les dernières lignes sont peu flatteuses pour le maréchal de la Feuillade qu'on avait adjoint au duc de Vendôme. Ce personnage est connu dans l'histoire surtout par son esprit d'adulation et les hommages ridicules qu'il rendait au Roi-Soleil. Les appréciations qui suivent marquent bien l'état des esprits à cette époque et l'opinion qu'on avait des talents de ce général improvisé. Le duc de la Feuillade était le gendre du ministre Chamillard, président des finances. "Il portait donc sur son faible dos les deux charges, pour l'armée que Louvois et Colbert, les deux grands hommes, avaient eu peine à soutenir". Quel mépris on devine dans ce rapprochement entre le duc et les deux célèbres ministres !
Cette même année, Antoine Paillet, de Rollot, l'auteur de la magnifique chaire de l'église St Germain, de la Villette, fait la chaire et l'auteur d'Onvillers. "Avant, l'autel était une masse de terre avec des pierres au dessus, retenues par des barres de fer".
De rechef, le curé Ricbourg donne des détails sur les moissons et le prix des grains. "La dépouille (récolte) de blé a manqué presque tout à fait. Une paroisse a récolté 30 setiers, l'autre 40 ; la plupart rien du tout. Aussi les voleurs sont en grand nombre. La misère augmente tous les jours et semble encore devoir augmenter. Il y a trop peu de grains pour tant de bouches. Malgré cette disette, il y a peu de malades".
"L'orge vaut 7 à 8 livres le setier, malgré la multiplication miraculeuse que l'Etre Tout Puissant que nous adorons pour notre Dieu en a faite. Les marchés de Roye et de Montdidier étaient pleins. On a récolté 200 gerbes par journal. Le blé valait de 16 à 18 liv. le setier ; la bisaille 14 liv."
Il y a même des observations météorologiques : ainsi, le curé cite une gelée blanche qui dura du 12 au 14 mai, suivie pendant plusieurs mois de pluies continuelles. "Quand au grand froid de l'hiver passé (1709) plusieurs personnes ont remarqué que tous les vingt cinq ans il domine une constellation qui cause des froidures excessives. En 1709, les rivières furent glacées ; beaucoup d'enfants et de grandes personnes eurent les mains et les extrémités gelées : leurs ongles tombaient".
Puis viennent les nouvelles plaintes sur la misère générale et le renchérissement de toutes les denrées. "Ainsi les oeufs valaient 25 sols à Montdidier - 4 sols à Compiègne - à Paris, 4 francs le quarteron et de même pour le reste". Le curé ajoute avec une teinte de mélancolie : "On fait la guerre aux curés : plusieurs ont été volés ou maltraités. Quelques uns se sont retirés dans les villes voisines ou même assez éloignées de leur paroisse. Les uns approuvent leur conduite, les autres les blâment".
Ces réflexions terminent le registre de l'année 1709. Elles auront choqué quelque greffier du bailliage. Car, sur le registre de l'année 1710, il écrit une longue diatribe contre "le faiseur de remarques que tout en constatant la cherté des vivres et en déplorant la misère des autres a su se procurer un petit fonds de 3 à 400 fr. de revenu".
Il termine ainsi : "Rien de plus surprenant et de plus scandaleux que de trouver le prix des œufs, dix fois de la bisaille à la place de l'enregistrement des baptêmes. Si on a trop de papier il faut le laisser en blanc ou bien l'employer à paraphraser les Miserere".
Nous ne sommes pas de l'avis de ce donneur de conseil : nous pensons au contraire qu'il eut été désirable de voir beaucoup de curés faire comme celui d'Onvillers. Ces notes auraient été d'un précieux secours pour les histoires locales. Le curé Ricbourg pouvait être bonhomme, mais il ne manquait pourtant pas d'esprit. Il dut probablement se contenter de hausser les épaules. Toujours est-il qu'il continua d'enrichir ses registres de notes historiques et statistiques jusqu'au départ d'Onvillers, lequel eut lieu quatre ans après. Il avait été présenté à la cure de Parvillers en Santerre par l'abbesse de Morienval (Oise) [Me Ricbourg avait une sœur religieuse qui appartenait à l'abbaye de Morienval, et c'est probablement sur la demande de celle-ci qu'il obtint la cure de Parvillers, d'un meilleur rapport. En 1717, l'abbesse de Morienval, accompagnée de la prieure et de la sœur Marie, alla lui rendre visite à Parvillers : on passa au retour par Onvillers, où les voyageuses ne trouvèrent pas à se loger : il fallut aller se coucher à Rollot.].
C'est ce même curé qui provoqua dans sa paroisse les mesures à prendre pour avoir un magister, qui donnât ses soins aux enfants et leur enseignât les premiers éléments des lettres. Il s'occupa aussi de leur fournir un local et fixa, avec l'assentiment de ses paroissiens, la rétribution du maître d'école et la part contributive de chaque famille. Comme on s'occupe d'un travail sur l'Eseignement primaire dans le canton avant la Révolution et que probablement on a aura soin d'y insérer les délibérations prises à ce sujet, nous n'avons pas cru devoir nous occuper ici de cette question.
En 1744, Claude Aubert Dehaut, auparavant curé du Plessier St Nicaise, remplaça Me Ricbourg, après que celui-ci eut résigné sa cure. A l'exemple de son prédécesseur, il continua d'insérer des notes et des remarques au milieu des actes de décès et de baptêmes. Je ne donnerai que les principales.
Voici ce que nous lisons dans le registre de 1717 à l'occasion d'une condamnation qui excita tant de contreverses religieuses : la voici.
"Cette année, le Pape ayant envoyé en France la bulle Unigemtus portant condamnation d'un livre intitulé Réflexions morales par le P. Quesnel, de l'Oratoire, il se forma entre les Evêques de France deux partis : les acceptant l'ont publié dans leurs diocèses avec beaucoup de déférence pour Rome ; les refusant, dont le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, en tête, se sont joints à la Sorbonne qui a signifié son appel au futur Concile avec plusieurs autres ecclésiastiques, tant des chapitres et communautés que de cures et autres.
Il aimait à donner à ses notes une tournure particulière ; ainsi, parlant des remarques de son prédécesseur, il dit : "L'auteur des remarques cy dessus a certainement exagéré : pour moy, il n'y a qu'à lire et on verra la vérité de tout". Puis vient cette boutade :
L'Empire risque tout ;
L'Angleterre brouille tout ;
La Hollande paie tout ;
La France veut tout ;
Le Portugal hasarde tout ;
La Suisse profite de tout ;
Les Vénitiens craignent tout ;
La Savoie trompe tout ;
Le pape se rit de tout ;
Les C. souffrent tout ; (les curé sans doute ?)
Les Jésuites se mêlent de tout ;
Les Maltôtiers prennent tout ;
Et si Dieu ne met la main à tout
Le Diable emportera tout.
Il serait intéressant de rechercher quels événements ont permis à l'auteur de cette sorte de Revue des Etats de l'Europe de caractériser ainsi par un seul mot la politique de chaque pays : les limites de notre travail ne nous permettent pas de le faire. Nous devons nous borner à citer cette fantaisie, au moins originale.
(1718) Le curé nous apprend que cette année on construisit la sacristie et qu'en creusant les fondations, on trouva les ossements d'une homme de six pieds 2 pouces.
En 1720, à l'occasion du retrait des billets de la banque de Law, banqueroute monumentale qui ruina quantité de gens, il rime ceci ; nous respectons l'orthographe :
En l'an mil sept cent vint ans
Régent Philippe d'Orléans,
Aidé d'un Anglais nommé Lass,
A fait dire à l'avare : hélas !
En tirant de son coffre-fort
Tout son argent et tout son or,
Et par change lui donnant
Un mince papier noir et blanc.
Le fond sauve la forme. Au moins le curé nous apprend que les kraks financiers ne datent pas d'aujourd'hui. On peut voir, par les extraits que nous avons faits, l'intérêt que peuvent présenter les registres de catholicité, véritables archives locales jusqu'ici peu étudiées. Car, bien qu'on ait heureusement compris, dans ces dernières années mieux qu'à aucune époque, la nécessité de recourir aux sources, nous ne voyons pas que beaucoup aient songé encore à feuilleter ces registres, sinon pour des recherches de généalogie. On vient de voir qu'il peut s'y trouver d'autres renseignements, quelquefois très curieux. S'il est vrai que l'histoire se trouve dans les archives, on ne doit donc pas négliger le témoignage de ces bons curés, narrateurs naïfs parfois, mais assurément véridiques.
Me Dehaut mourut en 1728 et fut remplacé par
1728 Pierre Guibet
1761 Melchior Boitel, depuis chanoine de la collégiale de la Ste Chapelle du Palais à Paris ; il résigna sa cure en faveur de :
1762 Pierre François Antoine Yolande Boitel, son frère.
1785 Clovis Constant Drouère, bachelier de théologie en Sorbonne. C'est lui qui le 8 déc. 1792 remit aux officiers municipaux les registres de l'Etat Civil, par application de la loi du 20 7bre de la même année.
Ce prêtre mérite une mention spéciale. Mr Drouère prêta d'abord à la Constitution Civile du clergé ; plus tard, honteux de sa faiblesse, il se rétracta par écrit. A la suite d'un sermon prêché dans l'église du St Sépulcre à Montdidier, dans lequel il flétrissait les massacres de 7bre, il dut se sauver à Paris où il vécut en donnant quelques leçons.
Il revint à Onvillers en 1797. Il avait acheté le presbytère lors de la vente des biens du clergé : il le transforma en pension et reçut quelques élèves.
En 1801, sur les instances de la ville de Roye, il alla
rouvrir le collège de cette cité dont il fut nommé principal en 1812 après avoir
pris les grades de bachelier ès lettres et ès sciences.
En 1820, obligé, à cause de sa santé, de résigner ces fonctions, il revint à
Onvillers et reprit les fonctions curiales. Ses infirmités augmentant,
l'autorité diocésaine lui enleva ses pouvoirs ; ce fut un coup terrible pour le
vieillard.
La commune de Boulogne était alors privée de curé. On lui demanda de venir s'installer au presbytère : il y consentit et pendant quatre ans environ desservit cette paroisse. Mais l'âge trahissant ses forces, il voulut mourir dans le presbytère d'Onvillers qu'il avait refusé de céder, malgré les instances de Mr Affre, le grand vicaire. Il y expira en 1834, à l'âge de 74 ans. Voici l'inscription qu'il avait recommandé de mettre sur le mur de l'église, pour indiquer le lieu de sa sépulture : En face repose un pauvre prêtre qui a consacré sa vie à l'instruction de ses semblables.
La paroisse d'Onvillers resta sans curé pendant un certain nombre d'années, après la retraite de Mr Drouère : les services religieux lui étaient assurés par les curés des communes voisines. Enfin, un titulaire fut nommé en 1838, ce fut Mr
1838 .. Wallembert
1843 .. Bellet
1864 .. Dussuelle
1865 .. Bataille, depuis curé de St Christ, aujourd'hui en retraite à Lucheux.
1872 .. Nobécourt, en exercice.
Parmi les principaux lieux dits, nous noterons : les Basses Greux - les Vignes - les Sablons - La Motte : il y avait là autrefois un moulin - la Pâture Baron - le Mouras - les Roboyarts - La Croix Nolane - les Prés de la Folie, etc.
Nous terminons par la liste des maires :
1792 .. Floury - Le curé Drouère fut élu greffier
1793 Charles Paillet, off. public
An II Casimir Fache, idem
An IV id. agent municipal
1808 Louis Douillez
1813 J. B. Lecomte
1843 J.B. Douillez
1845 J. B. Lecomte, 2°
1848 Jh Alexandre Floury
1871 Anatole de St Omer
1884 Désiré Ledoux
Nous devons dire un mot d'un homme qui a son époque eut une certaine notoriété.
Antoine Bachelé, né à Onvillers (1525) de parents pauvres, arriva, à force de travail, à se faire confier l'école de Ressons. Une dame charitable de ce pays lui trouvant de l'esprit, des goûts pieux, du goût pour l'étude, l'aida à suivre ses inclinations. En peu de temps il reçut le bonnet de docteur, fut pourvu d'un canonicat à la cathédrale de Noyon et fut nommé successivement Théologal et Pénitencier de cette église. A la mort de l'évêque Jean de Hangest, il fut élu à l'unanimité pour lui succéder (1577). Mais le concordat fait entre Léon X et François I fit manquer cette nomination. Le roi Henri III voulant user de son droit jeta les yeux sur Claude d'Angennes pour le siège vacant. Se contentant de sa position, notre docteur, dont la vie était un enseignement, mourut à Noyon en 1596, après avoir fondé les offices de St Maclou (patron d'Onvillers) et du St Nom de Jésus. (V.B.. des Hommes célèbres de la Somme - I p.32).
Il a laissé les ouvrages suivants :
4 livres de commentaires sur les Psaumes contre la version de Théodore de Bèze : ils n'ont pas été imprimés.
Paraphrases du Cantiques des Cantiques, du Cantique de Zacharie, du Salve Regina.